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Sarkozy dénonce "l'ingérence du pouvoir médiatique" dans la justice

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Dans une même diatribe, l'ancien président de la République a remis en cause "l'ingérence médiatique" dans la justice et l'indépendance de cette dernière.

Tout un symbole: lors de la remise, lundi, de la Légion d'honneur à Jean-Yves Le Borgne, conseil d'Eric Woerth dans l'affaire Bettencourt, Nicolas Sarkozy s'est livré à une violente charge contre les médias et a vivement critiqué l'institution judiciaire, à l'instar de son ancien premier ministre François Fillon. "Qui arrêtera l’ingérence du pouvoir médiatique dans le fonctionnement de l’autorité judiciaire?", a lancé l'ancien chef de l'Etat, "Qui arrêtera l’instrumentalisation des procédures par le pouvoir médiatique? Qui aura suffisamment de courage pour écrire le J’accuse qui manque à notre siècle?”.

Ces propos "privés", exprimés devant 300 membres du barreau de Paris et rapportés par Valeurs actuelles, s'inscrivent dans la même veine que le système de défense du candidat François Fillon, qui fait désormais campagne sur le thème d'un complot piloté depuis l'Elysée pour lui nuire. Cette stratégie, déjà soutenue par les soutiens de l'ancien chef de l'Etat, reçoit donc l'onction quasi publique de ce dernier. Un signal fort pour les militants Les Républicains, dont une range importante est encore fidèle à son ancien chef.

"Condamné par le tribunal médiatique"

Lui-même mis en examen et renvoyé en correctionnelle dans l'affaire Bygmalion, Nicolas Sarkozy s'est ému "qu’il existe deux peines automatiques" s'appliquant "à tous les justiciables ayant le malheur d’avoir quelque notoriété": "l’inadéquation du temps judiciaire avec le temps médiatique et la publicité de l'instruction dont le secret n’est plus qu’une fable…" L'ex-président a ainsi convoqué l'exemple de son ancien ministre: "Eric Woerth était coupable. La chose était jugée avant même d’être instruite. Il avait été condamné par le tribunal médiatique."

L'ex-président du parti Les Républicains s'en est aussi pris dans cette diatribe au secret des sources des journalistes, selon lui "devenu par la loi, non plus un simple précepte déontologique, mais un principe de droit alors que dans le même temps le secret professionnel des avocats peut faire, à tout moment, l’objet d’une perquisition voire d’un interrogatoire dans le cadre d’une garde à vue".

Adéquation entre accusation et défense

Devant ses pairs, Nicolas Sarkozy, tout en réclamant que les droits de la défense soient renforcées, a enfin remis en cause l'indépendance de la justice et la séparation des pouvoirs: "Aucune démocratie, aucun Etat de droit, ne peut tolérer qu’un pouvoir n’ait pas d’autres mesures de contrôle que lui-même et la seule conscience de ceux qui l’exercent", a avancé le membre du conseil d'administration du groupe Accor. 

Louis Nadau