Réunions "non-mixtes": Anne Hidalgo n'aurait "évidemment" pas dit la même chose qu'Audrey Pulvar

La polémique n'en finit plus. "Évidemment, non" Anne Hidalgo n'aurait pas tenu les mêmes propos qu'Audrey Pulvar sur les réunions en non-mixité, a déclaré la maire de Paris ce mercredi sur BFMTV-RMC, ajoutant ceci: "Je le lui ai dit."
Anne Hidalgo était interrogée sur une réponse d'Audrey Pulvar, formulée samedi sur BFMTV. L'adjointe à la maire de Paris, candidate soutenue par le Parti socialiste (PS) aux régionales, s'exprimait sur un sujet qui défrayait déjà la chronique: la tenue de réunions dites en "non-mixité" au sein du syndicat étudiant Unef, entre des femmes afin de leur permettre "d'exprimer les discriminations qu'elles peuvent subir" ou "pour permettre aux personnes qui sont effectivement touchées par le racisme de pouvoir exprimer ce qu'elles subissent", selon les déclarations de la présidente du syndicat Mélanie Luce.
Polémique dans la polémique
Invitée à réagir spécifiquement sur les réunions en "non-mixité raciale", Audrey Pulvar avait commencé par récuser "le mot race", et avait poursuivi en expliquant que sur le fond, "que des personnes discriminées pour les mêmes raisons et de la même façon sentent la nécessité de devoir se réunir entre elles pour pouvoir en discuter (...) ne la choqu(ait) pas profondément, selon la façon dont les choses (étaient formulées)".
"Je préfère les réunions 'réservées à' que les réunions 'interdites à'. Je ne joue pas sur les mots, parce que si vous dites (...) 'groupe de travail consacré aux discriminations dont font l'objet les personnes noires ou métisses', quelque chose me dit que 95 ou 99% des participants spontanément à cet atelier seront les personnes dont il est question dans l'intitulé, mais si il se trouve que vient à cet atelier une femme blanche, un homme blanc etc, j'aurais tendance à dire qu'il n'est pas question de le ou la jeter dehors, en revanche on peut lui demander de se taire, on peut lui demander d'être spectatrice ou spectateur silencieux", avait-elle étayé.
"Je ne dis pas qu'il faut qu'il soit interdit d'entrée, mais qu'il ou elle se taise et laisse parler les personnes les plus concernées", avait-elle insisté.
"Il y a beaucoup de discriminations"
Ces propos ont provoqué une intense controverse au sein de la classe politique, d'aucuns ont cru y voir une demande aux "Blancs de se taire". Face à la polémique, Audrey Pulvar a publié une tribune dans Le Monde mardi où elle a rappelé que "jamais" elle n'avait dit "les Blancs (devaient) se taire", estimant que ses propos avaient été déformés "par un spectaculaire retournement" et qu'elle n'avait à aucun moment voulu "réduire au silence" quiconque.
"Une telle phrase ne m’aurait même pas effleuré l’esprit, tant elle est contraire à tout ce que je suis, à tout ce que je porte et tout ce pour quoi je me bats", a-t-elle ajouté.
Anne Hidalgo, qui avait déjà jugé "très dangereuses" les réunions en "non-mixité" de l'Unef, a estimé ce mercredi matin qu'on ne pouvait "évidemment" pas demander à une personne blanche de se taire et a rebondi sur les "valeurs républicaines".
"Il ne faut pas confondre le champ du politique et le champ d'un certain nombre d'associations militantes ou même des thérapies. Le champ politique, ce n'est pas la thérapie, c'est un autre domaine, c'est le domaine de l'universel, c'est le domaine où on rassemble, c'est un domaine où on doit tous être des enfants de la République. Alors est-ce que la République aujourd'hui remplit ses obligations vis-à-vis de tous ses enfants? Non, il y a beaucoup de discriminations", a-t-elle ajouté.
"Je dois tout à la mixité"
La socialiste, candidate putative à la présidentielle de 2022, a également déclaré qu'elle ne "participerai(t) plus à ces emballements, ces torrents de haine qui sont déversés dans lesquels on vous somme de venir vous expliquer en 280 signes (sur Twitter, NDLR) sur des choses aussi graves que ça (...) parce que c'est une situation qui est délétère pour la démocratie".
Interrogée sur le fait de savoir s'il y avait deux gauches en France, Anne Hidalgo a répondu qu'elle ne "pens(ait) pas qu'Audrey Pulvar fasse partie de la gauche indigéniste et racialiste". "Il y a des fractures, et d'ailleurs, sinon les gens ne se déchireraient pas. Ce n'est pas nouveau là dans ce moment, c'était déjà vrai il y a quelques années, y compris la présidentielle précédente", a-t-elle développé, déclarant vouloir "remettre la question des inégalités sociales au coeur du jeu".
"Moi, je dois tout à la mixité", a également fait valoir Anne Hidalgo, rappelant sa naissance en Espagne sous le joug de Franco. "Je vis dans une société mixte, je veux que tous, hommes, femmes quelle que soit l'orientation sexuelle, quelle que soit d'ailleurs la pigmentation de la peau, on soit des enfants de la République, a poursuivi l'édile. On a une chance inouïe en France, peut-être que je le vois parce que je suis née en Espagne à une époque où c'était le franquisme qui nous dirigeait."