Retraites: pour Besancenot, le gouvernement risque de "transformer une crise sociale en crise politique"

Olivier Besancenot, figure de proue du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) et candidat par deux fois à la présidentielle, était notre invité en ce mardi qui marque une nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites. L'employé de La Poste, lui-même en grève depuis jeudi dernier, a assuré que le gouvernement prenait le "risque de transformer une crise sociale en crise politique".
Il a cependant concédé qu'entendre Edouard Philippe abandonner le projet envisagé mercredi lors de son allocution serait "une grande surprise". "C’est pas la stratégie en cours, la stratégie du gouvernement consiste à jouer la montre mais ça nous fait perdre du temps à tous", a-t-il lancé. "On fait parler Jean-Paul Delevoye puis Edouard Philippe, puis peut-être un jour Emmanuel Macron", a-t-il ironisé.
"Je me bats au nom de la mémoire des anciens et pour nos enfants"
Olivier Besancenot a repris: "Pourtant le grand responsable c’est le pouvoir en place. On ne peut pas dire qu’il n’était pas au courant!" Aux détracteurs du mouvement, essentiellement au sein de la majorité, qui accusent les manifestants de s'opposer à une réforme dont les contours ne sont pas encore précisément dessinés, il a rétorqué: "Sauf à croire qu’on se mobilise contre un ouï-dire depuis jeudi et que le million de manifestants étaient des paranoïaques, les grandes lignes on les connaît".
A ceux qui pourraient remettre en cause la sincérité des personnes mobilisées, il a répliqué: "On n’est jamais en grève par plaisir, jamais. On perd de l’argent quand on fait grève". Le militant a par ailleurs souligné: "Je me bats au nom de la mémoire des anciens qui se sont battus pour qu’on ait une vie après le travail, pas une survie et je me bats pour nos enfants."
Sur le fond du dossier, l'homme politique a notamment déclaré: "On nous incitera à partir plus tard. La possibilité de partir à taux plein va s’éloigner de plus en plus. Et on pourra toujours partir à la retraite au même âge mais avec des retraites de merde et on sera obligé de prendre des retraites complémentaires, ce marché juteux." "C’est du bricolage, le système par points. On a le droit de ne pas croire le gouvernement quand il dit que le point ne baissera pas. On connaît le poids des conjonctures économiques quand il y a des grandes crises", a-t-il ajouté.
"On est 90% à être bouffés à la même sauce"
Selon lui, la rhétorique de l'exécutif se trouve en porte-à-faux avec la politique économique menée ces dernières années: "Ce gouvernement qui dit qu’il faut tout uniformiser c’est le même qui disait au moment de la loi travail qu’il fallait faire du sur mesure, qu’il ne fallait que des accords d’entreprises!"
Il a d'ailleurs averti nos compatriotes: "Aujourd’hui on est 85% ou 90% à être bouffés à la même sauce, à regarder l’acquis social du voisin, à se jalouser, à se jeter des anathèmes entre le public et le privé mais à ce régime là, on va tout perdre."