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Politique

Qui est Macron-compatible chez les Républicains?

Bruno Le Maire le 4 novembre 2016 à Marseille.

Bruno Le Maire le 4 novembre 2016 à Marseille. - BERTRAND LANGLOIS / AFP

Bruno Le Maire, qui ne cache pas sa volonté de travailler avec Emmanuel Macron, réunit ses troupes ce mardi à l'Assemblée nationale.

La semaine politique s’annonce chargée, et les Républicains n’échapperont pas à cette frénésie. Depuis la victoire d’Emmanuel Macron dimanche soir, le parti de droite est entraîné à marche forcée dans le processus de recomposition politique qui est sur toutes les lèvres. En interne, plusieurs nuances se distinguent, allant du soutien franc et quasiment sans conditions à Emmanuel Macron, aux réticences évidentes.

La première est incarnée par Bruno Le Maire, qui réunit ses troupes à l’Assemblée nationale ce mardi midi. Il est l’un des premiers à s’être dit prêt à travailler avec Emmanuel Macron, balayant d’un revers de la main les menaces de François Baroin. Le chef de file des Républicains pour les législatives a en effet prévenu que toute personne entrant au gouvernement ou se portant candidate sous les couleurs du nouveau président aurait face à elle un candidat LR ou UDI, et perdrait son étiquette. Bruno Le Maire s’est dit prêt à sauter dans le vide et devrait annoncer sa décision dans les heures ou les jours à venir. Car les choses doivent aller vite.

Réunion LR mercredi ou jeudi

Ces électrons libres étiquetés LR devraient se réunir mercredi ou jeudi, révèle L’Opinion, et envisagent de faire une communication commune à l’issue de ce huis clos. "On a bien compris que plus nous serions nombreux, plus crédible serait la démarche", explique au quotidien libéral l’UDI Laurent Degallaix, qui a succédé à Jean-Louis Borloo à la mairie de Valenciennes.

Richard Ferrand, bras droit d’Emmanuel Macron, a annoncé que les candidats de "La République en marche" seraient investis d’ici jeudi. Les Républicains Macron-compatibles ne peuvent donc pas tergiverser. Au total, ils seraient une dizaine à être intéressés, dont quelques centristes. Tous semblent cependant poser la même condition à leur ralliement: que le Premier ministre nommé par le nouveau président ne soit pas socialiste.

"Si le prochain Premier ministre est socialiste, il n'y aura aucune recomposition et aucun renouvellement", a prévenu Bruno Le Maire sur RTL lundi matin.

Edouard Philippe, Franck Riester, Fabienne Keller...

La nomination d’un chef du gouvernement centriste ou de droite pourrait donc précipiter le basculement de tous ces pions. Dans la liste qui circule pour Matignon, le maire du Havre, le juppéiste Edouard Philippe, en contact régulier avec Emmanuel Macron, mais aussi Xavier Bertrand, le président de la région des Hauts-de-France. Ainsi que François Bayrou, qui pourrait faire figure d’épouvantail pour ces élus LR car il détesté par une partie de la droite depuis son soutien à François Hollande en 2012.

Outre Bruno Le Maire et Jean-Louis Borloo, Christian Estrosi, Franck Riester, le jeune maire de Coulommiers, Arnaud Robinet, le député-maire de Reims, et Fabienne Keller, la sénatrice du Bas-Rhin, pourraient porter la recomposition politique de la droite et du centre en s’associant au travail du nouveau président. Cette dernière, juppéiste, incarne la ligne intermédiaire, celle qui réclame des concessions au nouveau président.

"Alain Juppé souhaite infléchir les orientations du seul candidat que nous soutenons désormais, Emmanuel Macron, candidat républicain, pour essayer d’avoir un projet conforme aux intérêts de long terme de la France", déclarait la sénatrice à Public Sénat dans l’entre-deux tours.

"Bruno Le Maire a évoqué ce matin l’idée de travailler avec, dans le respect des idées de chacun. C’est trop tôt, il nous faut attendre le résultat des législatives", ajoutait Fabienne Keller, évoquant "un accord de gouvernement, sur certaines mesures".

Certains veulent temporiser d'ici les législatives

D'après L'Opinion, Thierry Solère, l'ancien porte-parole de François Fillon, fait lui aussi partie du mouvement, de même que l'UDI Laurent Hénart, maire de Nancy. Après avoir soutenu François Fillon, il avait appelé à voter pour Emmanuel Macron sans soutenir son projet.

Au-delà du nom et de la couleur du Premier ministre, l’autre point de pression majeur et celui des législatives. Certains préfèrent attendre cette échéance, comme Benoist Apparu.

"Il vaut mieux que les mouvements se fassent après les législatives. Si c’est avant, cela va cristalliser très durement les choses avec Les Républicains", estime dans L’Opinion le maire de Châlons, qui pourrait faire partie des transfuges.

Et c’est là que l’annonce de Richard Ferrand prend son sens: en laissant aux possibles candidats jusqu’à jeudi seulement pour se décider, le nouveau président assume de les mettre sous pression. Sans les obliger à quitter leur parti, mais en leur demandant de porter sa bannière et de siéger ensuite à son nom. Cette stratégie pourrait être payante, surtout si le nom du locataire de Matignon fait l'unanimité. 

Charlie Vandekerkhove