Référendum sur le budget: Boris Vallaud dénonce un "nuage de fumée"

Le chef des députés socialistes Boris Vallaud à l'Assemblée nationale le 1er avril 2025 - Anne-Christine POUJOULAT / AFP
"Un nuage de fumée", "une forme de grande esbroufe", ou encore l'"esquive d'un débat de fond"... Les mots ne manquent pas au chef des députés socialistes, Boris Vallaud, pour marquer son opposition ce lundi 5 mai à un référendum portant sur un "plan d'ensemble" de réduction des déficits.
Cette idée a été avancée par le Premier ministre François Bayrou ce week-end dans une interview au JDD, alors que son gouvernement cherche 40 milliards d'euros d'économies en vue du projet de budget de 2026 pour tenir ses objectifs de réduction du déficit de 5,4% du Produit intérieur brut (PIB) cette année à 4,6% l'an prochain.
Boris Vallaud juge "curieux" que cette proposition "surgi(sse) dans l'esprit de François Bayrou avant tout débat parlementaire, toute discussion avec les députés, les sénateurs, sur la construction de ce budget." "On a l'impression que ça relève plus de l'agitation que de la méthode", tacle l'élu des Lances, par ailleurs candidat au congrès du Parti socialiste.
"Quelle question va-t-il poser aux Français?", s'interroge-t-il, rappelant qu'un projet de "budget, ce sont des centaines et des centaines de pages, de chiffres". Si un référendum ne "dispenserait pas d'un débat parlementaire", Boris Vallaud souligne également que celui-ci est "nécessaire" et important pour "l'information des Françaises et des Français".
Sceptiscisme de la classe politique
Comme lui, Olivier Faure est peu convaincu par l'idée de François Bayrou. Le patron du PS a regretté ce dimanche soir sur BFMTV une idée "assez farfelue" appelant, plutôt, à un référendum sur les retraites. Une réaction à l'image du sceptiscisme affiché d'autres responsables politiques comme Sébastien Chenu (RN), Manuel Bompard (LFI) ou Laurent Wauquiez (LR) dont la formation fait pourtant partie du socle gouvernemental.
Pour appuyer l'idée d'un référendum, François Bayrou a mis en avant que son "plan d'ensemble demandera des efforts à tout le monde, et par l'ampleur qui doit être la sienne, il ne peut réussir si le peuple français ne le soutient pas", selon lui.
En faisant adopter son plan par référendum, le Premier ministre pourrait chercher à s'appuyer sur une forme de légitimité devant un Parlement où son camp est fragile, faute de majorité.
En faisant approuver son plan par référendum, François Bayrou pourrait chercher à s'appuyer sur une forme de légitimité devant un Parlement où son camp est fragile, faute de majorité.
"Quand on réforme par les voies classiques, par le passage en force, que se passe-t-il? Le pays entre en grève, les manifestations s'enchaînent", a souligné le locataire de Matignon.
Dans tous les cas, le dernier mot reviendra au président de la République, qui a le pouvoir d'organiser des référendums. "Le Premier ministre évoque un plan de réformes et d'économies et il est difficile de dire quoi que ce soit tant que ce plan n'est pas présenté", a sobrement commenté un proche d'Emmanuel Macron auprès de l'AFP dimanche.