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Parti socialiste

Jack Lang "encourage" Najat Vallaud-Belkacem à "réécrire les programmes"

Le président de l'Institut du Monde arabe et ancien ministre de l'Education et de la Culture, Jack Lang

Le président de l'Institut du Monde arabe et ancien ministre de l'Education et de la Culture, Jack Lang - STEPHANE DE SAKUTIN - AFP

Deux fois ministre de l'Education  nationale, Jack Lang a un avis très tranché sur le projet de réforme porté par Najat Vallaud-Belkacem avec le soutien réaffirmé de l'exécutif. D'accord sur le principe et la nécessité de réformer, Jack Lang juge le fond à revoir, se joignant de fait, et bien qu'il s'en défende, au concert de critiques contre le projet. 

Il a été deux fois ministre de l'Education nationale et une fois ministre de la Culture. Figure de la gauche mitterrandienne, Jack Lang ne pouvait rester silencieux alors que le projet de réforme du collège de Najat Vallaud-Belkacem attise les débats les plus sévères chez les politiques comme chez les intellectuels. Or, si le président de l'Institut du Monde arabe "approuve son orientation: un collège un et multiple" et se dit "favorable à l'interdisciplinarité", pour le reste, il juge la copie à revoir.

"Où sont les lignes directrices" des nouveaux programmes?, interroge Jack Lang dans les colonnes du Figaro mercredi. "Ils sont touffus, contradictoires et abusivement encyclopédiques. (...) Rien n'interdit à Najat Vallaud-Belkacem de prendre sa plume et de les réécrire". Même si l'ancien ministre sait qu'elle n'en est pas à l'origine. En effet, le Conseil supérieur des programmes est en charge de leur rédaction.

Des programmes revus concernant "les langues anciennes"?

D'ailleurs, Najat Vallaud-Belkacem a demandé à l'organisme de plancher sur les langues et cultures de l'Antiquité et de remettre ses propositions mi-octobre. Comme l'histoire, l'enseignement des langues et notamment des langues anciennes est l'une des pommes de discorde du texte.

"Pourquoi commencer par casser ce qui marche?", s'étonne Jack Lang. Le grec et le latin? Si "le tir n'est pas rectifié", leur enseignement "disparaîtra", assure-t-il. "Je suis attristé par les décisions concernant les langues vivantes et anciennes. (...) Les classes européennes (créées par Jack Lang lui-même en 1992, Ndlr) sont globalement un succès. Elles donnent aux élèves une reconnaissance et une ambition dans les meilleurs collèges comme dans les zones défavorisées".

Le collège actuel "est en souffrance depuis des années, mais au lieu de le réformer en profondeur, on a pallié ces difficultés en créant des îlots de bien-être pour quelques collégiens" avait jugé Najat Vallaud-Belkacem sur Radio Classique la semaine passée.

"L'école doit être élitaire pour tous"

"L'école doit être élitaire pour tous" rétorque l'ancien ministre, refusant dans le même temps d'être associé directement aux critiques venues de l'opposition. Car "héritage" supporté par Najat Vallaud-Belkacem est "difficile", admet Jack Lang.

"Dix années de ministres de droite, des années de casse avec la suppression de 120.000 postes d'enseignants et le scandale de la destruction de la formation des maîtres", pointe le créateur de la Fête de la Musique. Pour ne pas accréditer l'idée d'un débat basé simplement sur une conception différente de l'école à gauche et à droite, il n'omet pas de citer les critiqués "nouveaux rythmes scolaires", lancés sous Vincent Peillon.

Globalement, en réponse à une question sur l'élève exclue pour le port d'une jupe jugée en inadéquation avec le respect de la laïcité, Jack Lang utilise une formule adaptée à la situation actuelle: "Il faut faire baisser la fièvre". 

S.A.