"Une argumentation caricaturale": Darmanin recadre une députée RN qui évoque le grand remplacement

Le ministre français de la Justice, Gerald Darmanin, s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français, à Paris, le 29 janvier 2025. - STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Les parlementaires français examinaient ce jeudi 6 février une proposition de loi -adoptée en début de soirée - visant à "renforcer les conditions d’accès à la nationalité française à Mayotte". La députée du Rassemblement national, Laurence Robert-Dehault, a fait référence à la théorie complotiste du grand remplacement, provoquant une agitation dans l'hémicycle et une réaction du ministre de la Justice Gérald Darmanin.
"Nous devons être à l'une des seules périodes de l'histoire des civilisations où le remplacement d'un peuple par un autre est sciemment organisé avec l'aval de ses dirigeants", a déclaré la députée de Haute-Marne appelant à une "restriction drastique du droit du sol sur le territoire national".
"La nationalité française fondée sur le droit du sol est aujourd'hui octroyée de manière automatique sans aucun contrôle, parfois même à ceux qui cherchent notre destruction", a continué Laurence Robert-Dehault.
Avant de se lancer dans une énumération: "Dois-je rappeler que Mohammed Merah, les frères Kouachi, Amedy Coulibaly, Salah Abdeslam, Cherif Chekatt... Tous multi-condamnés avant d'être auteurs de tueries islamistes, tous étaient Français par droit du sol".
Darmanin liste des contre-exemples
Le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, a réagi déclarant "ne pas être sûr" que "l'argumentation caricaturale" de la députée "serve la France et la Nation".
"Je ne suis pas sûr que son argumentation serve beaucoup la cause qu'elle veut montrer", a déclaré l'ancien locataire de la place Beauvau, avant d'être lui-même chahuté.
"La liste de personnes abjectes qu'elle a évoquée, on la partage tous, mais on aurait pu aussi dire que Mr Bathily n'était même pas Français lorsqu'il a sauvé les juifs à l'Hyper Cacher et vous mériteriez sans doute davantage de l'expliquer à la République", souligne-t-il.
Avant d'ajouter: "Vous auriez pu aussi dire qu'il y a tous ces Français qui l'ont été par le droit du sol parce que l'armée a voulu les mobiliser pour se libérer à plusieurs reprises sur le sol national".
Selon le texte adopté ce jeudi par l'Assemblée nationale - soutenu par le gouvernement et le Rassemblement national - l'obtention de la nationalité française pour les enfants nés à Mayotte sera conditionnée à la résidence régulière sur le sol français des "deux parents" (et non plus d'un seul), et ce depuis trois ans (et non plus trois mois). Il a été durci à la suite de l'adoption dans la confusion d'un amendement du groupe ciottiste.
Le texte initial prévoyait d'étendre le délai de résidence nécessaire à un an, mais des députés de gauche ont voté par erreur un amendement l'étendant à trois ans - ce que le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a promis de corriger au Sénat, face au risque de censure du Conseil constitutionnel.