Retraites: des députées du RN et de la majorité affirment avoir reçu des messages d'intimidation

Marine Le Pen à l'Assemblée nationale le 6 février 2023 - Ludovic MARIN / AFP
Des députées reçoivent des menaces alors que la première journée des débats concernant la réforme des retraites à l'Assemblée nationale n'est même pas achevée. Prenant la parole vers 19 heures, la présidente du groupe du Rassemblement nationale à l'Assemblée, Marine Le Pen, a tenu à "dénoncer un fait extrêmement grave".
"Quatre ou cinq de nos députées femmes viennent de recevoir un message leur indiquant qu'un de leurs enfants est à l'hôpital", a-t-elle rapporté.
La députée y voit "une manœuvre qui vise à empêcher ou à distraire les députées du Rassemblement national de leur présence" afin qu'elles ne puissent pas voter la motion référendaire déposée par leur groupe. Cette demande de référendum a été rejetée un peu après, par 272 voix contre 101.
"Que des gens osent utiliser ce type de méthode, je tiens à le dire, est lamentable", a-t-elle fustigé.
Le Pen annonce une plainte
"Nous allons trouver qui a commis cette infraction car nous allons évidemment déposer plainte et faire analyser les messages", a ensuite indiqué la présidente du groupe RN devant la presse.
Marine Le Pen a critiqué une "manoeuvre particulièrement dégueulasse", avec ces messages vocaux adressés à plusieurs élues, dont Anais Sabatini et Laurence Robert-Dehault.
"Évidemment elles sont sorties catastrophées de l'hémicycle avant de se rendre compte qu'elles avaient été plusieurs à recevoir ces messages (...) Le but était de les éloigner de l'hémicycle au moment opportun", estime-t-elle.
"Ce sont des appels anonymes mais on va trouver" les responsables, a affirmé ce lundi sur BFMTV Jordan Bardella.
Le président du Rassemblement national a fait écouter ce qu'il présente comme un de ces messages vocaux de menaces, où on entend une personne dire: "je vous appelle car un de vos proches vient d'être admis en urgence à l'hôpital". Il a accusé à demi-mot la Nupes, en expliquant que la coalition de gauche "participe d'une violence sociale aujourd'hui dans notre pays". Il a cependant admis ne pas avoir la "confirmation" du rôle de la Nupes dans ces événements.
Des députés Renaissance aussi visés
Le groupe du RN n'est visiblement pas le seul à avoir reçu des messages inquiétants. Fadila Khattabi, présidente de la commission des Affaires sociales et membre du groupe Renaissance (majorité), a affirmé: "en ce moment nous sommes plusieurs à recevoir des lettres d'intimidation", sans préciser si des députés hommes aussi étaient visés.
"J'en ai reçu une, avec effectivement des menaces sur nos familles, nos enfants", a-t-elle poursuivi.
La députée a précisé à BFMTV avoir reçu à sa permanence, à Dijon, une lettre de menaces de mort sur ses enfants et de faire "exploser sa maison". La lettre contenait en outre de la poudre blanche et a été envoyée dans un laboratoire pour expertise.
"C'est absolument scandaleux, on est dans une République libre, démocratique, les parlementaires que nous sommes n'avons pas de pression à avoir quant à un examen de texte. Nous ne devons pas être intimidés", a martelé la députée macroniste.
La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet (Renaissance), a demandé à Marine Le Pen de lui passer "une copie des messages reçus pour qu'on puisse regarder ce qu'il en est".
Dimanche, c'est un député Les Républicains, Antoine Vermorel-Marques, qui a dit sur Twitter avoir reçu un message menaçant. "Fais très gaffe à ton vote sur les retraites. Nous te surveillons de près", peut-on lire sur la capture d'écran partagée par le député.
"Au-delà de la méthode, je le dis ici comme je l’ai écrit à cet individu: jamais mes votes ne pourront être influencés par une quelconque menace. Jamais", prévient l'élu.