"J'ai encore du mal à réaliser": après le suicide du député Olivier Marleix, l'Assemblée nationale sonnée

Une vague de tristesse. Le député Les Républicains d'Eure-et-Loir Olivier Marleix, qui avait dirigé le groupe de droite entre 2022 et 2024, s'est donné la mort ce lundi après-midi.
Quelques secondes après avoir appris son suicide, la vice-présidente de l'Assemblée Naïma Moutchou (Horizons), visiblement émue, a demandé aux élus présents dans l'hémicycle de respecter une minute de silence.
"On a tous été sous le choc en apprenant la nouvelle. Personne ici n'avait jamais remarqué qu'il allait profondément mal", explique un fonctionnaire de la chambre basse auprès de BFMTV.
Émotion dans tous les camps
Plusieurs députés ont quitté les bancs de l'Assemblée dans la foulée de la nouvelle, le regard baissé, comme le député PS Jérôme Guedj ou Erwan Balanant (Modem). Ironie du sort: les députés étaient en train de débattre de la réforme du scrutin municipal à Paris, Marseille et Lyon. Olivier Marleix, aux positions parfois iconoclastes, y était farouchement opposé, à l'inverse des députés de son groupe.
Âgé de 54 ans, Olivier Marleix qui laisse derrière lui deux filles dont il aimait souvent parler, était un pilier de l'Assemblée nationale. Il était le fils d'Alain Marleix, ancien secrétaire d'État sous Nicolas Sarkozy et très bon connaisseur de la carte électorale. Son frère avait également été l'un des conseillers de Michel Barnier lors de son passage à Matignon.
"Une armure en métal"
Élu sans discontinuer à l'Assemblée depuis 2012, Olivier Marleix avait été président de la commission d'enquête sur Alstom en 2019. Son travail avait été particulièrement remarqué. Après avoir saisi le parquet de Paris, assurant que "la vente d'Alstom" avait été "un pacte de corruption" entre Emmanuel Macron et la multinationale, le député d'Eure-et-Loir s'était vu remettre le prix d'éthique décerné par l'association Anticor.
"On est casqué quand on fait de la politique, on a une armure en métal. Et on peut être très surpris en découvrant le caractère profond de quelqu'un par rapport à son image publique", remarque le député Liot Harold Huward, voisin de circonscription d'Olivier Marleix.
"La dureté du monde politique"
Une pluie d'hommages a eu lieu dans la foulée de l'annonce de son suicide, y compris au plus haut sommet de l'État. Emmanuel Macron a salué un "homme politique d'expérience" qui "défendait ses idées avec conviction" dans un message sur le réseau social X.
François Bayrou qui s'est rendu ce mardi matin sur les terres d'Olivier Marleix a évoqué "son infinie tristesse", appelant à "discerner les fragilités pour être là, pour tendre la main".
Ce mardi, l'atmosphère était très lourde en réunion de groupe LR. "J'ai eu du mal à y croire quand je l'ai appris et j'ai encore du mal à réaliser", confie le député Julien Dive.
"C'est quelqu'un qui ne s'est jamais épanché sur ses douleurs. C'est la dureté du monde politique qui fait que la moindre faiblesse peut être exploitée. Ça pousse à beaucoup emmagasiner", explique ce proche du président de la région des Hauts-de-France Xavier Bertrand.
"À un moment, cela peut vous ronger intérieurement et c'est difficile d'en parler", ajoute Julien Dive.
Un éloge funèbre à la rentrée
C'est la quatrième fois depuis 1958 et la naissance de la Ve République qu'un député en fonction se donne la mort. Le dernier cas en date remonte à 2008 avec le décès de Jean-Marie Demange qui s'était tué après avoir perdu la mairie de Thionville en Moselle et avoir assassiné sa maîtresse.
"Olivier Marleix était quelqu'un de très estimé, bien au-delà de nos propres troupes. Il était très dépité par la situation politique actuelle. Mais de là à se suicider, c'est vraiment de l'ordre de l'inimaginable", confie encore la députée LR Josiane Corneloup.
Un hommage lui a été rendu ce mardi après-midi au siège des LR avec un discours du président du parti, Bruno Retailleau. Une minute de silence aura également lieu dans l'hémicycle à nouveau, avant les questions d'actualité au gouvernement. Un éloge funèbre va lui être rendu prochainement dans l'hémicycle comme le veut la tradition parlementaire.