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Parlement

"Fallait oser": passe d'armes entre Rousseau et Bergé sur les violences faites aux femmes

Sandrine Rousseau et Aurore Bergé à l'Assemblée nationale.

Sandrine Rousseau et Aurore Bergé à l'Assemblée nationale. - AFP

La gauche et la majorité ont débattu sur la question des femmes lors de l'examen de la réforme des retraites jeudi soir. La député écologiste et celle de la majorité se sont rendus coup pour coup.

Sandrine Rousseau-Aurore Bergé. Au premier abord, rien ne rapproche ces deux élues. L'une siège sur les bancs écologistes dans l'hémicycle, l'autre est cheffe de file des députés Renaissance. Pourtant, les deux parlementaires ont bien un point en commun: elles font toutes deux de la lutte contre les violences faites aux femmes un cheval de bataille.

La membre de la majorité et celle de l'opposition ont eu l'occasion de se confronter sur le sujet lors de l'examen de la réforme des retraites.

"Sexistes"

Tout part d'une intervention de l'insoumise Aurélie Trouvé. L'ancienne co-présidente de l'Association pour la taxation des transactions financières et pour l'action citoyenne (Attac) déplore le "brouhaha incroyable" qui entoure les interventions des femmes dans " cet hémicycle". "Une raison de plus", selon elle, "de pousuivre le débat sur l'égalité femmes-hommes".

La macronie riposte. D'abord par la voie de Yaël Braun-Pivet. La présidente de l'Assemblée nationale souligne qu'elle est la première femme à occuper ce poste. "J'ai cinq vice-présidentes, une première questeure, quatre présidentes de groupe", insiste-t-elle depuis le perchoir.

Au tour d'Aurore Bergé de cogner. "Est-ce qu'il serait possible que les députés de la Nupes ne s'expriment pas au nom des femmes? Franchement, on ne les a pas attendus et on n'a pas besoin d'eux", tacle l'ancienne juppéiste.

Peu après, Sandrine Rousseau rend les coups. "Ce n'est pas parce qu'il y a une présidente, que vous n'êtes pas sexistes", rétorque la députée écologiste.

"Sortez Monsieur Abad de votre groupe parlementaire"

D'autres interventions suivent. La finaliste de la dernière primaire d'Europe Écologie - Les Verts" reprend la parole.

"Puisque vous vous vantez de tant agir pour les femmes, je vous propose une action simple et symbolique qui aura de l'effet: sortez Monsieur Abad de votre groupe parlementaire", lance l'écologiste.

En cause: le fait que l'actuel député de l'Ain soit accusé par plusieurs femmes de viol, mais continue de siéger dans l'hémicycle. Après des révélations de Mediapart sur ce sujet, celui qui était le chef de file des Républicains durant la dernière législature n'avait pas été reconduit à son poste de ministre des Solidarités, lors du remaniement du gouvernement intervenu après les élections législatives de juin 2022.

"Fallait oser"

A l'Assemblée, les joutes se poursuivent. Aurore Bergé se lève. "Franchement fallait oser", répond la députée des Yvelines. Et de tancer l'élue, qui selon elle, "a essayé d'accuser injustement un collègue de son propre groupe parlementaire". Une référence à Julien Bayou, mis en cause publiquement par Sandrine Rousseau pour des violences psychologiques envers son ex-compagne.

L'enquête, ouverte avant les déclarations de cette dernière au sein d'EE-LV, n'a pas abouti. Faute de preuves, la cellule dédiée a indiqué ce mois-ci qu'elle clôturait le dossier.

Une fois la première flèche tirée, Aurore Bergé en décoche une deuxième. En faisant allusion, cette fois-ci, à Adrien Quatennens. Ainsi, pour l'élue de la majorité, ce propos est d'autant plus osé, "quand, pour essayer de contrer la réforme des retraites, on est prêts à compter sur la voix d'un député qui a été condamné pour violences conjugales".

De retour à l'Assemblée nationale depuis quelques semaines, le député du Nord siège actuellement en tant que "non-inscrit". Il a été suspendu par son groupe pour 4 mois, jusqu'au 13 avril 2023, après sa condamnation.

Baptiste Farge