"Déshonneur", "insupportable"... La gauche dénonce les "concessions" de Michel Barnier au RN

Pour tenter d'échapper à une censure que le Rassemblement national menace de voter avec la gauche, le gouvernement a annoncé jeudi renoncer à augmenter significativement la fiscalité sur l'électricité, nouvelle concession majeure sur son budget pour 2025. Le Premier ministre a aussi affirmé vouloir "sensiblement" baisser les soins pris en charge par l'Aide médicale d'État (AME) à laquelle ont droit les sans-papiers.
S'érigeant en garante du pouvoir d'achat des Français, Marine Le Pen avait exigé du gouvernement des "engagements clairs et fermes" pour qu'il renonce notamment à relever la fiscalité sur l'électricité. La cheffe de file des députés du RN a obtenu gain de cause: la taxe sur l'électricité ne sera pas augmentée au-delà du niveau qui prévalait avant le déploiement du bouclier tarifaire contre l'inflation.
Michel Barnier a aussi déclaré souhaiter que les soins pris en charge par l'AME soient "sensiblement" diminués, et a promis d'engager l'an prochain "une réforme (de l'AME) pour éviter les abus et les détournements", l'une des exigences constantes de l'extrême droite et d'une partie de la droite en matière d'immigration.
La gauche fustige des "négociations" avec le RN
Le président du RN, Jordan Bardella, s'est félicité sur X d'une "victoire" sur l'électricité, mais a ajouté que "des lignes rouges demeurent" pour son parti. "Il y a encore des difficultés. Nous sommes jeudi. Il a jusqu’à lundi", a aussi fait savoir Marine Le Pen au Monde.
Ces concessions sont toutefois vues par la gauche comme une main tendue au RN. Le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a estimé que "le Premier ministre tourne définitivement le dos au front républicain" en "se tournant vers l'extrême droite" pour "éviter la censure".
Si le porte-parole des députés socialistes, Arthur Delaporte, a salué les annonces de Michel Barnier sur l'électricité, il a déploré que le Premier ministre "négocie avec le RN pour éviter la censure" et "refuse de négocier avec la gauche". Il a également déclaré que le souhait de Michel Barnier de réduire le panier de soins pris charge par l'AME est "un cadeau à l'extrême droite" et une méthode "insupportable".
"Comme on fait son lit, on se couche. Le RN est la béquille du gouvernement Barnier", a aussi commenté la présidente du groupe écologiste à l'Assemblée nationale, Cyrielle Chatelain.
Un "déshonneur" pour LFI
Réagissant à l'annonce de Michel Barnier sur l'AME, le coordinateur national de La France insoumise, Manuel Bompard, lui a déclaré: "vous voulez éviter la censure au prix du déshonneur. Vous avez le déshonneur et vous aurez la censure."
"On peut penser qu'il essaie de cette manière de se concilier les bonnes grâces du Rassemblement national", a aussi déclaré Jean-Luc Mélenchon ce jeudi.
La cheffe des députés insoumis, Mathilde Panot, a par ailleurs dénoncé le "racisme le plus crasse" auquel "cède" Michel Barnier en restreignant l'aide médicale d'État. "Il aura la censure qu'il mérite", a-t-elle prévenu.
Au sein de la macronie, Gérald Darmanin a salué une "sage décision" et une "main tendue aux parlementaires". Le député et ancien rapporteur du Budget Jean-René Cazeneuve a toutefois estimé qu'"on ne négocie pas avec le Rassemblement national et j'espère que ça n'est pas la position du Premier ministre".