"Ouvrir un débat sur l'autisme": l'homme qui a écrasé un oeuf sur le crâne de Zemmour explique ses motivations

Eric Zemmour visé a pris un oeuf lors de son déplacement dans le Sud-Ouest, à Moissac le 12 mars 2022. - Valentine CHAPUIS © 2019 AFP
Une semaine après son geste, l'homme qui a écrasé un oeuf sur le crâne d'Éric Zemmour à Moissac (Tarn-et-Garonne) samedi, s'exprime pour la première fois. Interpellé et placé en garde à vue dans la foulée, il avait été laissé libre et Éric Zemmour avait fait part de son intention de ne pas porter plainte, mais de le rencontrer.
Une rencontre qui a eu lieu en marge du meeting du candidat d'extrême droite à Agen, dans la même journée, et dont Jean-Paul Mayanobe livre quelques éléments à La Dépêche.
"Étant donné qu’il n’avait pas porté plainte et qu’il voulait me voir, j’ai accepté de me rendre à son meeting. Sur place, ils n’ont pas voulu que j’y assiste. En aparté, Zemmour est arrivé sans me dire bonjour en me disant direct: 'Pourquoi vous avez fait ça?' Je me suis d’abord excusé et je lui ai offert le livre de la féministe Anaïs Nin. Je lui ai dit que sa position sur les enfants handicapés est intenable. Si on l’écoute, on revient au XVIIIe siècle où l’on enfermait les enfants autistes dans des asiles", explique Jean-Paul Mayanobe au quotidien régional.
"Profondément choqué" par les propos de Zemmour sur les enfants handicapés
Père d'un enfant autiste, le septuagénaire a expliqué avoir fait ça pour "pour la cause de l'autisme. C'est très dur au quotidien surtout que la France a 40 ans de retard pour leur prise en charge. Les propos d'Éric Zemmour sur les enfants handicapés m'ont profondément choqué: c'est la raison pour laquelle j'ai mené cette action", déclare-t-il.
En janvier dernier, Éric Zemmour avait suscité la polémique en dénonçant une prétendue "obsession de l'inclusion" qui était selon lui "une mauvaise manière faite aux enfants et aux enseignants", appelant à scolariser les enfants en situation de handicap dans des établissements distincts.
Jean-Paul Mayanobe estime avoir réalisé "un acte citoyen". Mais l'homme regrette "ce qui a été fait de (son) geste dans les médias: je voulais ouvrir un débat sur l'autisme en France. A contrario, la seule chose qui a été retenue, c'est le buzz autour de l'oeuf écrasé sur la tête à Zemmour".
L'homme conteste sa condamnation à un stage de citoyenneté
Après sa rencontre avec Éric Zemmour, l'équipe du candidat avait fait savoir à BFMTV qu'ils avaient discuté "cordialement". Il semblerait toutefois que les faits soient plus nuancés, au vu du récit du protagoniste à La Dépêche.
"Il voulait parler avec moi, j’ai cru que je pourrais avoir un vrai échange. Avec le recul, les photos de notre entretien qui ont été utilisées par son staff, je pense qu’il voulait m’utiliser pour sa communication pour paraître moins ridicule. Peut-être que je n’aurais pas dû y aller… Je pensais que cette action permettrait de faire parler de la cause de l’autisme", regrette-t-il, estimant que le candidat de Reconquête n'avait pas changé de point de vue à son contact: "Il m'a dit vouloir scolariser les enfants handicapés mais à l'écart de la société."
L'homme a comparu lundi devant un délégué du procureur qui lui a notifié une obligation d'accomplir un stage de citoyenneté. Une condamnation qu'il a décidé de contester, selon ses déclarations à La Dépêche, pour "utiliser le tribunal correctionnel comme une tribune".