Origines maghrébines de Dati: Sarkozy crée la polémique

A trois jours du vote pour la présidence de l'UMP, Nicolas Sarkozy multiplie les meetings... et les provocations. - Charly Triballeau - AFP
"J'avais voulu Rachida Dati comme Garde des Sceaux parce que je m'étais dit que 'Rachida Dati', avec père et mère algérien et marocain pour parler de la politique pénale, ça avait du sens!" Glissée à propos de l'importance de représenter la diversité de la France au plus haut sommet de l'Etat, la phrase prononcée par Nicolas Sarkozy mardi soir lors d'un meeting à Boulogne-Billancourt provoque des remous.
Gêné, son entourage a immédiatement voulu rattraper la maladresse. Il voulait dire que "c'était un signal important à envoyer aux personnes issues de l'immigration, qu'une personne, avec un père algérien et une mère marocaine, puisse prendre la tête d'un ministère régalien", a-t-on confié à L'Express.fr dans la soirée. "C'est un langage parlé lors d'un questions-réponses, qui est un exercice réactif..."
"C'est assez lamentable"
Gilles Boyer, principal conseiller d'Alain Juppé, s'est empressé de souligner la phrase sur Twitter, alors que les deux hommes politiques sont en conflit ouvert depuis les huées subies par le maire de Bordeaux lors d'un meeting de l'ancien chef de l'Etat.
Joint par BFMTV, Dominique Sopo, président de SOS Racisme, a fait part de sa consternation. "C'est absolument atterrant. On ne sait pas si on doit en rire ou en pleurer, car ce sont des propos tenus par un ex-président de la République, donc sa parole a du poids. Il joue des préjugés et visiblement, il les assume totalement. C'est quelque chose d'assez lamentable de la part de Nicolas Sarkozy, qui semble s'enfoncer chaque jour un peu plus ces derniers temps dans des logiques de communication aberrantes".
La principale intéressée, elle, garde le silence pour le moment, même si elle prend désormais ouvertement ses distances avec l'ancien chef de l'Etat. Dans une interview accordée au Parisien en octobre dernier, elle avait ainsi jugé nécessaire que Nicolas Sarkozy "ne parle plus de lui ou de sa vie personnelle".
A trois jours du vote pour la présidence de l'UMP, Nicolas Sarkozy multiplie les sorties à controverse. Mercredi, dans les colonnes du Figaro, il a ainsi expliqué pourquoi il n'avait délibérément pas cherché à interrompre les sifflets essuyés par Alain Juppé à Bordeaux samedi. "Croyez-vous que cela soit si aisé d'interrompre une salle de 5.000 personnes qui manifestent leurs désaccords sincères et spontanés avec l'orateur?", s'est-il justifié.