"On est assez grand": chez LR, la proposition de Philippe de candidatures communes aux municipales passe mal

Édouard Philippe à Bordeaux le 26 janvier 2025 - PHILIPPE LOPEZ / AFP
Quelques mots lâchés à la fin de son discours dimanche à Bordeaux qui font grincer des dents. Édouard Philippe a appelé ce dimanche à la création d'un "bloc républicain et démocrate" en vue des municipales et en cas de nouvelle dissolution pour les législatives, soit concrètement des alliances entre LR, macronie, Modem et Horizons.
"On ne l'attend pas pour faire ce qu'on a à faire. Il n'est pas au gouvernement. On n'a pas besoin de lui pour s'organiser. On est assez grand", tance le député LR Julien Dive auprès de BFMTV.com.
La droite et la macronie, des intérêts divergents
À droite, l'appel du maire de Havre passe plutôt mal. ll faut dire qu'en dépit de ses 47 députés, soit moins de 10% des effectifs de l'Assemblée nationale, le parti qui se cherche actuellement un chef reste très fort localement.
Si LR a bien connu des déconvenues lors des dernières municipales 2020, le mouvement a toujours dans son giron plusieurs grandes villes comme Toulouse et Saint-Étienne et est parvenu à arracher à la gauche plusieurs communes de taille moyennes comme Caen.
Quant aux villes où des alliances ont eu lieu entre Renaissance et LR, les résultats n'ont pas été à la hauteur. Lyon est par exemple devenu écologiste en dépit d'un accord entre Gérard Collomb, alors maire Renaissance et Laurent Wauquiez, président LR de la Région. Même topo à Bordeaux où l'alliance avec le candidat macroniste Thomas Cazenave avait coûté le siège du maire sortant de droite Nicolas Florian, décédé ce week-end.
"Prendre des risques"
"Il faut bien sûr essayer d'agréger les candidatures. On doit faire des listes communes dans des grandes villes", avance cependant le député Renaissance Éric Woerth, longtemps député et maire LR de Chantilly.
"Bien sûr que les macronistes sont pour des alliances, ils n'ont aucune mairie", griffe un député LR.
Il faut dire que le parti fondé par Emmanuel Macron n'a jamais réussi à s'implanter localement ces dernières années, loin d'Horizons qui peut se vanter de détenir plusieurs villes grâce à des maires LR qui se sont rapprochés d'Édouard Philippe comme à Nice, Angers ou Deauville.
"Notre faiblesse peut nous pousser à prendre des risques en terme de stratégie", juge un sénateur Renaissance.
Des alliances à géométrie variable
Avec un exemple possible: Lille. Détenue par les socialistes depuis 1955, convoitée par les insoumis, le "bloc républicain et démocrate" défini par Édouard Philippe n'a que peu de chance de décrocher la ville de Martine Aubry. Mais une alliance LR-Renaissance-Horizons permettrait probablement une défaite moins cinglante.
"Je suis ouverte à toutes les discussions qui peuvent éviter que la ville ne tombe aux mains de l'extrême gauche", avance la députée Renaissance Violette Spillebout, candidate Renaissance aux municipales.
Dans les villes où la macronie ou LR n'est pas sortante mais a des chances de l'emporter, les discussions s'avèrent déjà très tendues, à l'instar de Paris. Candidat putatif, Gabriel Attal pourrait-il se retirer au profit de l'actuelle ministre de la Culture Rachida Dati, toujours élue LR de la mairie du 7e arrondissement? La question est ouverte.
Le commencement d'accords aux législatives
Quant à la question de la création d'un "bloc républicain et démocrate" en cas de législatives en juillet prochain en cas de nouvelle dissolution, elle semble pour l'instant relativement lointaine.
Aux dernières élections, la droite et le camp présidentiel ont fait nationalement candidature séparée au premier tour. Dans le détail, le constat est plus nuancé. Dans des territoires où un bras de fer entre la droite et la macronie auraient pu entraîner leur élimination, des accords ont bien eu lieu.
Dans les Hauts-de-Seine par exemple, un accord entre LR et Renaissance a permis de présenter des candidats communs. Ce fut par exemple le cas pour l'ex-Premier ministre Gabriel Attal ou le député LR sortant Philippe Juvin.
"Compliqué de pas aller ensemble" aux législatives
D'autres figures très identifiées ont également eu le droit de ne pas avoir de concurrents de droite face à elle, à l'instar d'Aurore Bergé dans les Yvelines. De quoi permettre à la droite tout comme Renaissance de décrocher un nombre d'élus très satisfaisants au second tour, bien aidés par par la gauche qui a retiré systématiquement ces candidats en cas de possible victoire du RN.
"Si on a gouverné ensemble pendant un an sous Barnier et Bayrou, c'est quand même compliqué de ne pas y aller ensemble", observe un député Renaissance.
"Ce qu'attendent nos compatriotes, c'est qu'on trouve les moyens de travailler davantage ensemble mais pas à n'importe quel prix", nuance le député LR Jean-Didier Berger qui avait lui-même bénéficié d'un accord aux dernières législatives.
Pour l'instant, le climat à l'Assemblée entre le président des députés LR Laurent Wauquiez et le patron des députés macronistes Gabriel Attal, souvent à couteaux tirés, ne prête guère le flanc à un accord global.