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Mobilisation pour l'emploi: la "nouvelle méthode" de l'exécutif sonne le retour de l'ancien monde

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Après un début de quinquennat marqué par une défiance envers les corps intermédiaires, l'exécutif a décidé ce lundi de changer de méthode. Pendant plusieurs heures, syndicats, patronat et élus ont été reçus à Matignon.

Le "vieux monde" est de retour. Edouard Philippe a reçu ce lundi pendant plusieurs heures syndicats, patronat ou encore associations d'élus pour lancer sa "mobilisation générale" pour l'emploi et l'écologie, et tenter ainsi de renouer après plusieurs mois de crise sociale avec les corps intermédiaires.

Ce retour sonne comme un "virage à 180 degrés" par rapport au début du quinquennat, pour notre éditorialiste Thierry Arnaud. Avant même son entrée à l'Elysée, Emmanuel Macron avait donné le ton en qualifiant les syndicats de "vieux monde". Depuis, le chef de l'Etat et l'exécutif s'étaient efforcés de contourner les partenaires sociaux habituels, jugés trop immobiles et conservateurs. 

Distance avec les partenaires sociaux

Symbole de cette cassure, lors de l'échec des négociations sur la réforme de l'assurance-chômage entre syndicats et patronats, le président avait commenté avec ironie: "On est dans un drôle de système tout de même, où chaque jour on dit: 'Corps intermédiaires! Démocratie territoriale! Démocratie sociale! Laissez-nous faire!'. Et quand on donne la main : 'Monsieur c'est dur. Reprenez-la'".

A l'inverse des précédents chefs d'Etat, qui recevaient régulièrement en tête-à-tête les représentants des différents syndicats et du patronat, Emmanuel Macron a donc pris ses distances. "En face de nous, on a un gouvernement qui a voulu se passer des syndicats", regrettait en janvier dernier le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger sur France Inter. Il s'était notamment agacé de ne pas avoir eu de contact avec l'Elysée depuis près d'un mois. 

Une "nouvelle méthode"

Mais la crise des gilets jaunes a rebattu les cartes. "Ce n’est pas une conférence sociale où l’on essaye de décliner un agenda social comme on a pu faire par le passé", prévenait-on à Matignon avant la réunion, vantant une "nouvelle méthode".

Dans les faits, il s'agit bien de remarcher main dans la main avec "le vieux monde" des partenaires sociaux, longtemps vus comme des freins aux réformes. "Il faut que tout le monde se mette ensemble pour trouver la solution concrète et pratique à un problème concret et pratique", a résumé Edouard Philippe à l'issue de plusieurs heures de réunion, autour d'une dizaine de ministres, et de 57 délégations regroupant des élus, des représentants des organisations syndicales et patronales ou encore des associations.

Un changement salué par la CFDT et l'Unsa

L'exécutif, soucieux de la "mise en œuvre" de ses réformes, avait dégagé cinq sujets qu'il estimait "consensuels" pour donner le coup d'envoi de cette "mobilisation nationale et territoriale autour de la formation, l'emploi, et des grandes transitions écologique et numérique", voulue par Emmanuel Macron en réponse à la crise des "gilets jaunes". 

Après ce lancement parisien, la concertation, pilotée par les préfets et les présidents de région, doit désormais descendre localement, avant un nouveau rendez-vous en juin. "Territoire par territoire, il faut qu'on fasse de la haute couture, en tout cas du 'sur-mesure' pour être certain que les solutions concrètes sont bien apportées et que les changements se voient", a insisté le chef du gouvernement. 

De leur côté, la CFDT et l'Unsa ont salué un "changement de méthode". "Il faut le noter, il est clair, il est net", a souligné le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger. "C'est un bon début car on a le sentiment que l'on va pouvoir s'exprimer sur tous les sujets", a estimé pour sa part Laurent Escure (Unsa). "Maintenant, l'expression qui préside c'est dire: on verra bien. On a dit au Premier ministre qu'il fallait des éléments concrets qui montrent que les discussions ont servi à quelque chose et que la parole des salariés a été entendue", a-t-il ajouté.

Benjamin Rieth