Mélenchon à l'aile gauche du PS: "Vous me manquiez"

Jean-Luc Mélenchon - BERTRAND LANGLOIS / AFP
Un dimanche en famille. À Marseille, la gauche du Parti socialiste a fait un pas de plus vers une sortie du parti à l'approche des élections européennes, en accueillant le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon. Invité de marque de l'université d'été de "Nos Causes communes", le club créé par le courant d'Emmanuel Maurel et le MRC (Mouvement républicain et citoyen), l'insoumis a tendu la main à ses anciens camarades socialistes.
"Si chaleureuses qu'aient été les rencontres qui m'ont permis de construire avec d'autres cette force (LFI), mes amis, vous me manquiez", a lancé l'ancien sénateur PS, en faisant part de son espoir que "finisse cette longue solitude pour (lui) d'avoir été séparé de (sa) famille intellectuelle et affective" en 2008.
"Sachez que nous vous attendons, le cœur plein d'espérance et d'allégresse à l'idée des fraternités qui s'annoncent", a-t-il déclaré, lyrique, devant un auditoire d'environ 300 personnes, dont nombre de militants issus de la Gauche socialiste, le courant qu'il avait fondé en 1988 avec Julien Dray.
Leadership
Dans son discours de 45 minutes à la tribune, Jean-Luc Mélenchon a également rappelé ses forces - 7 millions des voix au premier tour de la présidentielle, 17 députés, et bientôt un "commando" annoncé de députés européens - et s'est réjoui de sa place désormais dominante, selon lui, à gauche.
"La crise du leadership populaire est réglée. Me voici", a affirmé celui qui obtenait 19,56% des voix au premier tour de l'élection présidentielle en 2017.
De quoi distribuer quelques indulgences: "Je ne suis pas venu ni vous courtiser, ni vous admonester, ni vous reprocher vos nombreuses erreurs, car vous pourriez me faire remarquer que j’en ai partagé beaucoup", explique ainsi le prophète insoumis.
"La sociale-démocratie, comme le libéralisme, sont des programmes épuisés", a-t-il asséné, en arguant que le "compromis" avec le capital est devenu "impossible" puisqu'il s'est "transnationalisé".
Une manière, pour le disciple de François Mitterrand, de préparer le terrain avant de poser ses conditions politiques pour l'accueil de transfuges socialistes. Il demande donc aux socialistes de se convertir aux fondamentaux du dogmes de La France insoumise: l'écosocialisme, la stratégie de renégociation ou de rupture avec l'Union européenne et le passage à une VIème République.
"Oui à un dialogue exigeant"
La réponse du député européen Emmanuel Maurel, qui de longue date caresse l'idée d'un rapprochement avec Jean-Luc Mélenchon, était très attendue.
"Parce que nous avons l'intuition que les causes communes, les causes que nous défendons, sont plus importantes que ce qui pourrait nous différencier ou nous séparer (...) oui à un dialogue exigeant", a-t-il répondu.
S'il n'a annoncé aucun ralliement, il a égrainé dans son discours les points d'accord entre sa chapelle socialiste et l'Eglise insoumise, et dressé une nouvelle fois le réquisitoire du quinquennat de François Hollande, qui a selon lui "tourné le dos" aux promesses des socialistes.
La gauche du PS franchira-t-elle enfin le Rubicon? Ses troupes semblent partagées. La sénatrice Marie-Noëlle Lienemann ne semble guère en douter, évoquant auprès de la presse le lancement, dans un premier temps, d'un nouveau mouvement allié de LFI, qui s'appellerait Les Socialistes - une marque qu'elle a déposée en 2016. L'idée serait de mettre Olivier Faure au pied du mur lors du Conseil national du PS, le 13 octobre, en tentant de lui imposer une réorientation de la ligne socialiste. En cas d'échec, le divorce serait alors acté, racornissant encore le parti de Jaurès.