Marine Le Pen trouve "malhonnête" que son père s'invite au bureau politique du FN
Nouveau chapitre dans la guerre entre les Le Pen. Au lendemain des législatives, qui ont permis au Front national d'obtenir huit députés dans la nouvelle Assemblée, la guerre interne entre la présidente et le président d'honneur du FN est plus vivace que jamais. Lors d'une conférence de presse lundi matin, Marine Le Pen a parlé de son père comme d'un opposant politique, et dénoncé sa volonté de participer au bureau politique du parti, prévu ce mardi. Tout opposant politique qu'il est, Jean-Marie Le Pen est toujours lié au parti juridiquement parlant.
Alors que le parti doit tirer le bilan de longs mois de campagne, ce bureau politique s'annonçait déjà houleux, sans l'annonce de ce coup de force de Jean-Marie Le Pen. Marine Le Pen a assuré ne pas "redouter" la venue de son père, tout en dénonçant son attitude.
"Je trouve incohérent de sa part de vouloir à tout prix s’inviter dans ce bureau politique", a lâché la présidente du FN, nouvellement députée.
"Totalement décalé"
A la tête des Comités Jeanne, Jean-Marie s'est associé le temps des législatives à d'autres formations d'extrême-droite. Réunis sous l'étiquette "Union des patriotes", ces différents acteurs ont présenté 156 candidats, en concurrence directe avec les candidats frontistes ou affiliés au FN dans certaines circonscriptions. Deux candidats étaient ainsi investis face à Jean-Lin Lacapelle et Gilbert Collard, ce qui a provoqué la défaite du secrétaire général adjoint du FN dès le premier tour.
Marine Le Pen a d'ailleurs pointé son rôle dans la défaite de Jean-Lin Lacapelle.
"Je veux bien tout ce qu’on veut et avoir l’esprit large, mais enfin il est aujourd’hui président d’un mouvement politique qui est concurrent du nôtre, il a soutenu des dizaines de candidats contre les nôtres aux élections législatives, il a même réussi à en faire trébucher quelques-uns, au moins Jean-Lin Lacapelle, qui n’a pas accédé au second tour à cause de la présence d’un dissident soutenu par Jean-Marie Le Pen", a-t-elle fait valoir.
"Je trouve objectivement malhonnête, et en tout cas totalement décalé, de vouloir à tout prix venir participer à ce qui est l’instance, le gouvernement en quelque sorte, du Front national, compte-tenu de cette nouvelle situation", a poursuivi la présidente du parti.
"Il ne rentrera pas"
Dans le JDD dimanche, Marine Le Pen était encore plus catégorique, assurant qu'elle préférait payer une amende plutôt que de se retrouver à ses côtés. "Il ne rentrera pas", insistait-elle. "Je préfère payer des amendes que de l'avoir assis en face de moi". Si le doute ne persistait guère, ce nouvel épisode montre que la présidente du Front national n'a pas digéré la décision de la justice, prise en août 2015, de rétablir Jean-Marie Le Pen comme président d'honneur.
"Je trouve ça fou que des magistrats aient pris cette décision, j’espère que compte-tenu de la situation, en appel, ils changeront d’avis sur ce sujet", a-t-elle conclu lors de la conférence de presse.