"Un problème d'éthique": les députés LR s'opposeront à l'arrivée de Richard Ferrand au Conseil constitutionnel

Un soutien de moins. Les députés du groupe LR à l'Assemblée (Droite républicaine) qui sont membres de la commission des Lois voteront ce mercredi 19 février contre la nomination de Richard Ferrand à la présidence du Conseil constitutionnel, a confirmé ce mardi leur chef Laurent Wauquiez.
Au cours d'une réunion du groupe, les députés "ont décidé à l'unanimité de s'opposer à la nomination de Richard Ferrand à la tête du Conseil constitutionnel", a déclaré Laurent Wauquiez à la presse.
"C'est une personnalité qui pose un problème d'éthique, qui pose un problème d'impartialité et qui pose un problème parce qu'il n'a pas d'expertise juridique", a-t-il ajouté. "Le risque, c'est qu'avec Richard Ferrand ne se reproduise ce qu'on a connu avec Laurent Fabius, c'est-à-dire un Conseil constitutionnel qui ne juge plus en droit mais avec une dérive idéologique", a accusé Laurent Wauquiez citant la loi sur l'immigration "vidée de sa portée".
Trois cinquièmes des voix exigées pour rejeter Ferrand
Les sénateurs Les Républicains ont aussi évoqué le sujet mardi sans arrêter de décision commune, a-t-on appris auprès de leur groupe, mais plusieurs d'entre eux ont annoncé publiquement qu'ils entendaient voter contre la nomination proposée par le chef de l'État.
La décision des parlementaires LR, notamment au Sénat, sera potentiellement décisive pour l'ancien président de l'Assemblée nationale, qui sera auditionné mercredi par les commissions des Lois des deux chambres.
Pour que sa candidature soit rejetée, il faudrait que trois cinquièmes des voix exprimées par les parlementaires des deux commissions s'y opposent, une situation rarissime au Parlement, mais qui a pris de l'épaisseur ces derniers jours au gré des prises de position des parlementaires LR.
"Je ne joue jamais le match avant le coup d'envoi"
L'actuelle présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a, elle, appelé mardi les parlementaires à se fonder sur les auditions pour trancher: "Je n'en peux plus qu'on fasse les matchs avant qu'ils ne soient joués. Il est important de voir ce qu'il se passe en audition."
"J'ai déjà vu des parlementaires changer d'avis, dans un sens ou dans un autre, en fonction de l'audition. Je ne joue jamais le match avant le coup d'envoi", a martelé la titulaire du perchoir devant la presse à l'Assemblée nationale.
Si Richard Ferrand devrait pouvoir compter sur l'essentiel des voix des groupes de l'ancienne majorité soutenant Emmanuel Macron (EPR-Horizons-MoDem), la gauche devrait au contraire massivement voter contre sa nomination et ce dans les deux chambres.
Le Rassemblement national, qui compte 16 députés en commission des Lois, n'a pas tranché publiquement. L'entourage de la présidente Marine Le Pen, qui a déploré la "dérive" de nommer des politiques au Conseil constitutionnel, argue que les élus RN décideront en fonction des réponses de Richard Ferrand à leurs questions mercredi. "On va jouer le jeu", affirme un député du groupe.