Sarkozy hostile au paquet de cigarettes neutre... au nom des terroirs

Nicolas Sarkozy s’est prononcé contre le paquet de cigarettes neutre, au motif qu’il signe le début de la fin de "nos terroirs, nos appellations, nos savoir-faire". - Dominuqe Faget - AFP
Le président de Les Républicains a dénoncé mercredi "la gravité de la crise identitaire" touchant, selon lui, les mondes agricole et rural, et proposé un catalogue de mesures "fortes" mais aussi un "plan Marshall pour la ruralité". "Les Républicains mèneront le combat de l'identité rurale", a assuré Nicolas Sarkozy.
Au cours de ce discours, l'ex-chef de l'Etat a fait un parallèle un peu fumeux entre les terroirs et le paquet neutre.
"Si nous acceptons le paquet de cigarettes neutre, dans six mois on vous proposera la bouteille de vin neutre et c'en sera fini de nos appellations, et c'en sera fini de nos terroirs, et c'en sera fini de la défense de notre savoir-faire!", a soulevé l'ex-chef de l'Etat.
"Vous aurez demain des intégristes qui vous demanderont la bouteille neutre, puis on aura aussi le fromage neutre. On a déjà eu le président normal", a-t-il poursuivi, faisant rire une partie de l'assemblée.
"Médiocre et déplacé", s'insurge Touraine
La mesure du paquet de cigarettes neutre, inscrite dans la loi Santé de Marisol Touraine, et promulguée au Journal officiel le 27 janvier dernier, a donné lieu, en 2015, à une véritable guérilla entre associations anti-tabac et lobby du secteur des cigarettiers.
Le Sénat avait d'abord supprimé la disposition, inspirée de la législation australienne, que l'Irlande et le Royaume-Uni s'apprêtent aussi à appliquer.
Les propos de Nicolas Sarkozy ont scandalisé la ministre de la Santé. "Les petites blagues, la veille de la journée mondiale de lutte contre le cancer, c'est à la fois médiocre et déplacé", s'est indignée Marisol Touraine, avant de poursuivre: "Que je sache, ce n'est pas un produit du terroir un paquet de cigarettes, ça ne fait pas partie de l'art de vivre et de la production de nos savoir-faire".
Des propos "insultants" pour de Rugy
Ces propos ont également déplu à François de Rugy qui les juge "insultants".
"Le vin de Bordeaux, on le compare à un paquet de cigarettes? Mais quelle honte! Comment il peut dire une énormité pareille?", s'interroge le député écologiste. "Il paraît qu'il n'aime pas le vin et n'en boit jamais, c'est son droit. Alors qu'il ne compare pas les produits du terroir qui font la fierté de la France avec des paquets de cigarettes faits par des industriels qui en plus nous empoisonnent", s'insurge-t-il.
Une erreur de plus pour Mennucci
Patrick Mennucci, lui, s'est moqué de cette déclaration: "Je crois que c'est une erreur. Il en a confessé beaucoup ces derniers temps, il ne devrait pas en faire de nouvelles", a réagi le député socialiste.
"Super lobbyiste du tabac" pour Dautzenberg
Sur France Info, le président de l'Office français de la lutte anti-tabac a jugé pour sa part ces propos "inappropriés", "inacceptables", et "irresponsables". "Un problème d'éthique se pose", selon le professeur Bertrand Dautzenberg.
"J'entends le super lobbyiste du tabac, j'entends l'homme qui a vendu la Seita à Bolloré, qui agissait contre Xavier Bertrand (en 2006-2007, Ndlr, alors que Nicolas Sarkozy était ministre de l'Intérieur) qui faisait l'interdiction de fumer dans les lieux publics". "Le tabac tue", rappelle le pneumologue.
Le coup de gueule du Magazine de la Santé
Nicolas Sarkozy a enfin provoqué le coup de gueule du médecin le plus connu du PAF. Avec Marina Carrère d'Encausse, Michel Cymes a dénoncé lui aussi ces déclarations dans Le magazine de la santé, rappelant notamment que "la culture de tabac ne représente que 200 hectares" en France.
Les deux médecins-animateurs ont ensuite fait une parodie de clip de campagne pour 2017 où Nicolas Sarkozy finirait son allocution par un: "Vive le tabac, vive la France".