Nicolas Sarkozy veut "apporter des solutions aux angoisses" des électeurs du FN

A quelques mois de la primaire qui décidera du candidat de droite à la prochaine élection présidentielle, Nicolas Sarkozy n’a toujours pas dévoilé ses intentions. "Je suis le président de la famille. Ma responsabilité, c’est d’emmener le collectif à la victoire. Le moment des décisions personnelles n’est pas venu", déclare-t-il ainsi dans Valeurs actuelles, à qui il accorde un long entretien ce jeudi.
Mais derrière cette indécision de façade, l’ancien chef de l’Etat n’oublie pas de rassembler l’opposition, quitte à ratisser large. Après avoir vanté ses qualités de rassembleur ("On me décrivait comme quelqu’un qui n’était pas à même de conclure un accord avec les centristes. À l’arrivée, pour les régionales, sur les 17 régions, nous aurons 17 listes uniques républicains-centristes"), l’appel du pied a ensuite été orienté à droite toute.
Ne pas "culpabiliser" les électeurs du Front national
Car si Nicolas Sarkozy assure "contester radicalement la politique du Front national", force est de constater que ses électeurs viennent, pour certains, tout droit de l’UMP. L’idée étant de faire revenir les égarés dans le giron de la droite républicaine.
"Je ne ferai pas l’erreur de culpabiliser les électeurs tentés par le Front national", affirme-t-il, prévenant tout de même que "voter Front national au premier tour, c’est faire gagner la gauche au second."
Selon lui, "on doit lutter contre le FN en essayant de convaincre ceux qui veulent voter pour lui, en apportant des solutions à leurs angoisses, et non pas en les méprisant ou en leur donnant des leçons".
Le Pen, Mélenchon et Tsipras
L’ancien locataire de l’Elysée s’emploie ensuite à faire d’une pierre deux coups. Quitte à se lancer dans une comparaison hasardeuse. "Je veux rappeler que le programme économique de Marine Le Pen est le même que celui de M. Mélenchon: à voir les conséquences de la politique de M. Tsipras, qu’ils ont tous les deux soutenu, on mesure à quel point la politique de Marine Le Pen ne ferait qu’aggraver profondément leurs souffrances".
"Quant au PS, personne n'imagine qu'il puisse encore incarner un quelconque espoir pour les Français ", ajoute-t-il, en dénonçant à nouveau "le désastre de la politique de François Hollande". La "question de la confiance sera centrale en 2017", affirme-t-il, évoquant également "l'inquiétude profonde des Français sur nos valeurs et notre identité".
Le PS réagi vivement
Enfin, les "Madeleine" – du nom d’une ancienne électrice UMP désormais passé du côté frontiste, avec qui Nicolas Sarkozy a pu échanger dernièrement – sont invitées à participer à la grande primaire de novembre. "Tous les électeurs qui se reconnaissent dans les valeurs de la droite et du centre et qui souhaitent l’alternance peuvent participer à cette primaire", selon le président des Républicains. Et ainsi venir contrecarrer les plans d’Alain Juppé, plus populaire au centre?
Avant même sa parution, l’entretien avait en tout cas fait bondir Jean-Christophe Cambadélis. "Profitant de la querelle familiale des Le Pen, l'ex-président Nicolas Sarkozy se lance dans une OPA amicale sur l'électorat frontiste", écrit le Premier secrétaire du PS dans un communiqué . "Les mots prononcés par Nicolas Sarkozy ne sont pas innocents. C'est un tournant, cet appel à l'électorat des Le Pen ce n'est pas un un appel à la France, mais à l'extrême droite pour la France".
Reste à connaître l’opinion d’Alain Juppé, Bruno Le Maire et consorts, qui ont plusieurs fois dit leur attachement à ce que les digues entre les Républicains et le FN restent intactes.