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Mort d'Olivier Marleix : piste du suicide "privilégiée", ordinateurs saisis... Ce que l'on sait du drame qui a secoué l'Assemblée

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Le corps inanimé du député LR Olivier Marleix a été retrouvé à son domicile, provoquant la stupéfaction chez les parlementaires. À cette heure, la thèse du suicide est privilégiée par les enquêteurs.

La stupéfaction et l'émotion ont envahi l'Assemblée nationale, ce lundi 7 juillet, après l'annonce de la mort d'Olivier Marleix. Le député LR d'Eure-et-Loir, très apprécié par les parlementaires pour sa droiture et ses convictions, s'est suicidé à l'âge de 54 ans. Une enquête pour déterminer "les causes de la mort" a été ouverte.

• Le corps retrouvé à son domicile

C'est aux alentours de 15 heures que les gendarmes ont pénétré dans le domicile d'Olivier Marleix, basé sur la commune d'Anet. Les agents avaient été alertés par Aliette Le Bihan, maire de la commune, ainsi qu'une assistance parlementaire.

"Olivier Marleix ne s'est pas présenté à la permanence d'Anet. Je l'ai appelé plusieurs fois, mais je pensais qu'il faisait autre chose ou qu'il avait oublié. Et en début d'après-midi, il ne s'est pas présenté à l'Assemblée nationale. Son service m'a donc appelé et je me suis présenté (ici, à Anet)", a déclaré la première édile à nos confrères de l'Écho Républicain.

Les gendarmes "découvraient son corps inanimé, pendu dans une chambre à l'étage de la maison", selon un communiqué du procureur de Chartres, Frédéric Chevallier.

• La thèse du suicide "privilégiée"

"Au terme de ces premières investigations et constatations médico-légales, il peut être exclu l'intervention d'un tiers dans la survenance de la mort du député, la piste du suicide étant par conséquence privilégiée", a ajouté le magistrat.

Une enquête "en recherche des causes de la mort" a été lancée. "C'est une procédure prévue par le code de procédure pénale, lorsqu'on est face à une mort que l'on ne peut pas expliquer. Pas une enquête de flagrance, pas une enquête criminelle, mais un troisième type d'enquête qui permet de mener des investigations pour essayer de comprendre comment le député Marleix a trouvé la mort" a précisé Frédéric Chevallier.

Une autopsie permettant de déterminer les causes exactes du décès doit être pratiquée mercredi matin.

• Un "petit bout de papier" retrouvé près du corps

Afin d'éclaircir les raisons qui ont poussé le député des Républicains à commettre cet acte, les enquêteurs ont saisi "un téléphone et des ordinateurs" lui appartenant. Toutefois, "en l'état, aucun écrit n'a été retrouvé pouvant intéresser l'enquête", a souligné le procureur de la République de Chartres.

"La levée du corps est en cours et, pour le moment, pas d'élément qui laisse penser que nous sommes en dehors d'un suicide "L'idée, pour l'instant, c'est de collecter un maximum d'informations", a-t-il précisé.

Le député Olivier Marleix a mis fin à ses jours – 07/07
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Aucune lettre "qui expliquait quoi que ce soit" n'a été "retrouvée". Seulement un "petit bout de papier", mais "les médecins légistes n'ont pas encore exploité ce papier-là", a annoncé Frédéric Chevallier à l'Écho Républicain.

• Un calendrier politique qui interroge

Jusqu'à son décès, Olivier Marleix était rapporteur d'une proposition de loi visant à "faciliter le maintien en rétention des personnes condamnées pour des faits d’une particulière gravité et présentant de forts risques de récidive", dont l'examen a eu lieu les 1er et 2 juillet derniers.

De quoi interroger la députée Écologiste Sandrine Rousseau, qui, lors d'un micro-tendu en sortie de séance, a évoqué des raisons politiques à ce potentiel suicide. "Il était chef de file du texte que nous étudions en première lecture à l'Assemblée (le projet de loi sur le scrutin Paris-Lyon-Marseille, NDLR) et c'est en deuxième lecture qu'il fait ce geste. Je voudrais que l'on s'interroge sur les signaux politiques que cela renvoie. Le calendrier ne me semble pas totalement anodin", a-t-elle exprimé.

L'élue soutient qu'"il y a beaucoup de députés ici qui vont mal", que "les tensions sont importantes" et que l'hémicyle reste "un lieu de violence". "Je ne sais pas ce qu'il s'est passé pour lui et je respecte sa décision d'en finir, mais le calendrier m'interroge beaucoup", a-t-elle conclu.

De son côté, la maire d'Anet Aliette Le Bihan n'a pas de signes annonciateurs. "Nous étions ensemble samedi matin pour l'inauguration d'une nouvelle mairie dans notre secteur, puis après, on était invités au 10e anniversaire de la crèche qui avait été créée depuis qu'il était là. Il était comme d'habitude tel que je le connais", a-t-elle assuré.

• Hommages unanimes du monde politique

Après l'annonce de son décès, le milieu politique a largement salué la mémoire du député, à commencer par une minute de silence dans l'hémicycle. Le président Emmanuel Macron a parlé d'un "homme politique d'expérience" qui "défendait ses idées avec conviction".

En déplacement ce matin sur la circonscription d'Olivier Marleix en Eure-et-Loir, le Premier ministre François Bayrou a exprimé son "infinie tristesse". "Cela nous donne à penser qu'on ne connaît jamais la fragilité des êtres humains, même ceux qui paraissent les plus solides, les plus combatifs, les plus engagés".

De nombreux députés de gauche ont également rendu hommage au député LR. Le coordinateur national de La France insoumise a parlé d'un "adversaire politique toujours respectueux, une voix singulière, attachée à défendre la souveraineté industrielle de la France".pe

En 2019, Olivier Marleix avait dirigé la commission d'enquête sur la vente d'Alstom Énergie à General Electric et avait saisi la justice, persuadé qu'il s'agissait d'un abandon stratégique de la part du gouvernement.

Louis Verdoux