Les propos de Sarkozy sur le climat font bondir à gauche comme à droite

Devant l'Institut de l'entreprise mercredi, Nicolas Sarkozy a affirmé que "l'Homme (n'était) pas le seul responsable (du) changement" climatique. Le candidat à la primaire de la droite et du centre a pris un virage climato-sceptique, en détaillant:
"On a fait une conférence sur le climat. On parle beaucoup de dérèglement climatique, c'est très intéressant mais ça fait 4,5 milliards d'années que le climat change. L'homme n'est pas le seul responsable de ce changement".
Selon lui et d'après des propos rapportés par Marianne :
"Le Sahara est devenu un désert, ce n'est pas à cause de l'industrie. Il faut être arrogant comme l'Homme pour penser que c'est nous qui avons changé le climat...".
Ces propos, surprenants pour celui qui avait organisé le Grenelle de l'Environnement, peu après son élection à la présidentielle de 2007, ont été dénoncés à gauche mais aussi par ses concurrents de droite.
Sarkozy "nie une réalité"
En visite au Salon international de l'élevage (le Space) à Rennes, Bruno Le Maire a donné une leçon d'écologie élémentaire à Nicolas Sarkozy:
"Oui, l'activité humaine a une incidence sur l'environnement, on le sait tous".
Toujours au Space, Alain Juppé a assuré que nier l'implication de l'activité humaine dans le réchauffement climatique, "c'est nier une réalité":
"C'est d'ailleurs le consensus des scientifiques, pas l'avis d'Alain Juppé. Aujourd'hui tout le monde partage cette idée, le Giec a fait un énorme travail".
"Une grave erreur"
Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a dénoncé une "grave erreur, au-delà même du fait que c'est un renoncement de ce qui a été fait avec le Grenelle quand il était président".
Selon le ministre, les propos de Nicolas Sarkozy relèvent de l'ignorance:
"C'est ne pas comprendre ce qui est en train de se passer. Il y a une grande mutation qui est en cours, au contraire, qu'on l'accompagne intelligemment".
Chez EELV, le secrétaire national David Cormand juge "dommage" la déclaration de Nicolas Sarkozy puisque c'est lui, en tant que président en 2007, "qui a mis en place le Grenelle de l'Environnement". A l'antenne du Talk du Figaro, il s'est interrogé sur un "renoncement" :
"Soit il a changé d'avis, ce qui est étonnant, soit il ne croyait pas ce qu'il disait en 2007, soit il ne croit pas ce qu'il dit aujourd'hui".
Une posture "réactionnaire"
Emmanuelle Cosse, ministre du Logement, estime que le candidat à la primaire de droite "nous ramène 15 ans en arrière", avant de le comparer à Donald Trump.
Le climato-scepticisme de Nicolas Sarkozy ne passe donc pas mieux à droite qu'à gauche. Pour la députée européenne Michèle Rivasi (EELV), ce revirement s'expliquerait par la présence de Maud Fontenoy dans l'équipe de campagne du candidat.
Enfin, dans une tribune publiée dans Libération ce jeudi, Barbara Pompili a dénoncé le programme "réactionnaire" de Nicolas Sarkozy en matière d'écologie.