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"Il est allergique au en même temps": François Fillon voit en Bruno Retailleau un "anti-Macron" avant 2027

François Fillon à l'Assemblée nationale devant une commission d'enquête qui l'a interrogé sur ses liens avec Moscou le 2 mai 2023

François Fillon à l'Assemblée nationale devant une commission d'enquête qui l'a interrogé sur ses liens avec Moscou le 2 mai 2023 - BERTRAND GUAY / AFP

Dans une interview au Figaro Magazine, François Fillon adoube son ancien lieutenant Bruno Retailleau, à deux ans de l'élection présidentielle de 2027.

"J'ai toujours misé sur lui". François Fillon s'est livré à de multiples éloges envers Bruno Retailleau ce mercredi 21 mai dans une interview au Figaro Magazine, revenant sur l'ascension de ce fidèle, qui se retrouve en pleine lumière à deux ans de l'élection présidentielle.

Concernant son entrée au gouvernement, en septembre 2024, dans une équipe composée de LR et du camp présidentiel, l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy explique: "J'étais très sceptique. Mais il fallait à tout prix éviter un gouvernement de gauche. Je pense aussi qu'il a compris que c'était l’occasion qui lui permettrait de montrer qu'il était différent."

Le tout sans se renier, d'après François Fillon, qui défend ce choix: "Bruno est constant dans ses convictions fondamentales, mais ce n'est pas un idéologue. Il est réaliste et il est pragmatique."

"Un homme authentique"

Tout sauf anodin. En effet, la liberté de parole et d'action du ministre de l'Intérieur s'est retrouvée au cœur des attaques de Laurent Wauquiez lors de l'élection pour la présidence de LR, largement remportée par Bruno Retailleau dimanche.

"Les électeurs n'ont pas choisi une ligne. Ils ont choisi un homme authentique. Et qui est cet homme? C’est l'anti-Macron. Il est ancré à droite, catholique affirmé, et allergique au  'en même temps'. Je pense que personne ne peut prétendre avoir été trahi par Bruno Retailleau", insiste François Fillon.

Manière d'installer le Vendéen dans la posture d'un homme de rupture avec le macronisme, ligne que Laurent Wauquiez a cherché à incarner durant la campagne. Et de se projeter ainsi vers 2027, même si l'intéressé a tempéré sur ce sujet récemment.

Pour réellement marquer ses distances, l'ex-chef de file des sénateurs LR pourrait finir par quitter le gouvernement. "Il s'en ira forcément à un moment", pariait récemment un collaborateur ministériel auprès de BFMTV.

François Fillon prépare le terrain, listant de nombreux sujets qui pourraient amener le patron de la place Beauvau à claquer la porte, comme "la loi sur la fin de vie, le débat sur le budget, l’augmentation des impôts, la réforme électorale, les retraites, et le débat sur l’irréaliste et dangereux partage de la dissuasion" nucléaire.

Les militants de LR "ont estimé que, dans les conditions actuelles, sa participation au gouvernement était utile. Mais ils n’ont pas applaudi à l’idée d’une alliance électorale durable", juge-t-il.

"Il a été d'une fidélité exemplaire"

Au-delà des luttes à venir pour l'Élysée, François Fillon rappelle la relation, vieille de plus de vingt ans, qu'il entretient avec Bruno Retailleau. Évoquant la campagne présidentielle de 2017, marquée dans la dernière ligne droite par l'affaire des emplois fictifs de son épouse Pénélope Fillon, le Manceau confie:

"Il a été d’une fidélité exemplaire quand tant d’autres s’éloignaient. La veille du rassemblement au Trocadéro (le 5 mars 2017), j’avais décidé de tout arrêter. Bruno (il était alors le coordinateur de sa campagne, NDLR) a été l’un des rares à tenter de m’en dissuader."

Finalement devancé par Emmanuel Macron et Marine Le Pen alors qu'il a longtemps fait office de favori, François Fillon avait un plan en tête pour son ami: "Il faisait partie des deux ou trois auxquels je pensais pour Matignon", avance-t-il, évoquant également la possibilité du "ministère de l’Intérieur."

Pour Beauvau, c'est désormais chose faite. Et Bruno Retailleau rêve sûrement d'aller plus haut.

Baptiste Farge