"Contreparties" au RSA: Wauquiez reprend l'idée de Philippe et veut la tester dans sa région

Laurent Wauquiez en décembre 2018 - FRANCOIS LO PRESTI / AFP
De l'art de tenter de mettre ses adversaires dans l'embarras. Dans un entretien publié ce lundi dans les colonnes du Progrès, le président des Républicains Laurent Wauquiez propose de tester dans sa région la mise en place de "contreparties" aux aides sociales. Une piste récemment esquissée par le Premier ministre Édouard Philippe, au prix de nombreuses critiques émanant de son propre camp.
"Depuis huit ans, je me bats pour que des heures de travaux d'intérêt général (TIG) soient réalisées en contrepartie du RSA. Ça me fait sourire que le Premier ministre ait repris" cette position, déclare notamment Laurent Wauquiez dans l'interview.
"Région pilote"
"Pour moi, il y a des droits, mais aussi des devoirs. On a perdu le sens des choses. Aujourd'hui, on verse des prestations et on enferme des gens dans l'assistanat", souligne-t-il, faisant de ce sujet une "question de justice".
Exhortant le locataire de Matignon - son ancien camarade de parti - à aller "jusqu'au bout", Laurent Wauquiez compte lui proposer que la Région Auvergne-Rhône-Alpes soit la première région pilote d'un programme "de type droits-devoirs" pendant "deux ans au moins". Il dit vouloir s'appuyer sur l'expérimentation mise en place par le conseil départemental LR du Haut-Rhin depuis 2017.
Contreparties "obligatoires"
"Mais la loi ne permet pas de faire autre chose que du 'volontariat'", regrette l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy qui voudrait, précise son cabinet, que ces contreparties soient obligatoires dans sa région.
Selon son projet, les bénéficiaires du RSA pourraient "aider dans les maisons de retraite, rendre visite à des personnes handicapées, entretenir des espaces verts, aider lors de festivals, aider des associations" mais sans que cela ne "détruise l'emploi".
Les candidats seraient dirigés vers des filières qui recrutent mais aussi dans le "domaine de compétences", poursuit Laurent Wauquiez, pour qui ce programme n'est ni "une punition ou une stigmatisation".
Philippe critiqué chez LaREM, soutenu chez LR
La partie formation serait gérée par la région, la partie RSA par les départements volontaires, avance-t-il, évoquant l'intérêt éventuel de l'Ain, du Cantal, de la Loire et de la Haute-Savoie.
"Mais pour cela, il faut que la loi nous y autorise", note l'ex-maire du Puy-en-Velay, affirmant que cette idée pourrait être soutenue par son parti.
Lancée lors d'un déplacement mi-février dans le Finistère, la proposition d'Édouard Philippe avait suscité de nombreuses critiques jusque dans les rangs de la majorité.
La député La République en marche de l'Ain, Olga Givernet, avait trouvé "dommage que le Premier ministre se serve du grand débat pour glisser des idées qui lui sont propres et qui n’engagent en aucun cas la majorité".
L'ancien édile du Havre a en revanche reçu des soutiens à droite, notamment du député LR du Haut-Rhin Éric Straumann. Face à la controverse, le chef du gouvernement, accusé d'aller dans le sens des attaques de son ancien parti des Républicains contre "l'assistanat", avait par la suite dit "assume(r) parfaitement qu'il y ait des devoirs en face des droits" pour les Français les percevant.