Conférence à Abou Dhabi: "Nicolas, il nous refait un coup de Fouquet's"

Le président de l'UMP Nicolas Sarkozy - Philippe Huguen - AFP
La polémique tombe mal pour Nicolas Sarkozy dont la stature du chef de l'opposition n'est plus incontestable. Cette semaine il a été défié puis désavoué par le vote du bureau politique de l'UMP alors qu'il prônait de "faire barrage au FN" en lieu et place du "ni-ni" choisi avant le second tour de la législative partielle entre le PS et FN dans le Doubs. Surtout, et alors que le temps de la décision a paru bien long entre dimanche et mardi, on a appris que l'ex-chef de l'Etat donnait une conférence rémunérée à Abou Dhabi lundi.
"Nicolas, il nous refait un coup de Fouquet's là", regrette l'ancienne ministre UMP Roselyne Bachelot sur BFMTV en référence à la fête donnée en 2007 pour fêter son élection dans ce célèbre restaurant parisien des Champs-Elysées. Un choix luxueux, qui associé à quelques jours passés sur le yacht de Vincent Bolloré, avait façonné une image "bling-bling" traînée ensuite comme un boulet.
"C'est extrêmement dommageable car même s'il était joignable par téléphone, quand on est là pour convaincre, rencontrer ses troupes on les sent et on les convainc. S'il avait été là lundi, il n'aurait pas été battu lors du bureau politique", précise Roselyne Bachelot.
"Devenir chef de l'opposition à plein temps" pour viser 2017
"On peut faire des conférences à l'étranger en étant chef de l'opposition", concède le député Thierry Mariani mais, juge-t-il également "si on veut être le candidat de l'opposition à la présidentielle, il faut devenir chef de l'opposition à plein temps. Nous étions habitués au patron qui tranchait, là il veut à tout prix rassembler".
Mais pour l'ex secrétaire général de l'UMP Luc Chatel, ces conférences ne posent aucun problème "au fonctionnement interne" du parti avant de dénoncer un acharnement. Et Nicolas Sarkozy peut toujours compter sur ses fidèles pour le défendre. "Il avait prévenu que (même élu président de l'UMP) il n'était pas question qu'il se recroqueville ou renonce à tout ce qu'il fait", a répondu Brice Hortefeux aux critiques émises, notamment au sein de son propre camp.
Même Nathalie Kosciusko-Morizet, qui avait pu passer pour une frondeuse sur la question du FN dans le Doubs, est montée au créneau. "Nicolas Sarkozy a le droit d'avoir une activité professionnelle à côté, les pays du Golfe ont mauvaise presse mais la France y est officiellement représentée, les ministres y vont régulièrement", a jugé la numéro 2 de l'UMP, très formellement. Et Brice Hortefeux de restaurer la stature fragilisée de son ami: "C'est une fierté pour notre pays qu'une personnalité publique soit sollicitée à l'étranger".
"Entre 100 et 150.000 euros" la conférence
Dans leur livre Ça reste entre nous, hein?, les journalistes Nathalie Schuck et Frédéric Gerschel écrivent que "chaque intervention" rapporte à l'ancien président Sarkozy "entre 100.000 et 150.000 euros", soit, en "une vingtaine de prestations rémunérées en deux ans et demi, un gain d'environ 2 millions d'euros". A l'époque, mais l'argument est aussi revenu jeudi, ces montants étaient justifiés voire minorés en comparaison de ceux touchés par les anciens dirigeants Tony Blair ou Bill Clinton. Problème, eux avaient clairement mis un terme à leur carrière politique. Un mélange des genres jugé "malsain et dérangeant" par François Bayrou.
Les conférences sont "sa vie privée", s'est contenté de commenter son rival Alain Juppé. Dans le même ouvrage, et alors que le retour en politique de Nicolas Sarkozy n'était pas encore acté, est rapportée cette petite phrase glissée lors d'un dîner: "Tu comprends, je ne veux pas que ma femme me voie comme un chômeur."