Campagne de 2007: les interférences de Nicolas Sarkozy dans l'enquête

L'ex-président de la République Nicolas Sarkozy - -
Nicolas Sarkozy est, ou a été, inquiet à propos des affaires judiciaires qui le cernent de plus ou moins près. Et notamment celle qui concerne le financement supposé de la campagne présidentielle de 2007 par Mouammar Kadhafi, l'ex-dirigeant libyen. L'ancien président de la République aurait choisi de mettre toutes les chances de son côté pour obtenir un maximum d'informations sur les avancées réalisées par les juges, assure Le Monde jeudi.
Des écoutes réalisées sur le téléphone portable de Michel Gaudin, alors directeur du cabinet de Nicolas Sarkozy, montrent "un ex-président de la République qui fait pression sur des hauts fonctionnaires, à la limite du trafic d'influence, les poussant à violer le secret auquel ils sont astreints. Elles donnent l'impression d'un homme aux abois", écrit notamment le quotidien au sujet d'écoutes réalisées au mois de juin 2013 notamment.
La notion de "fidélité"
Des appels téléphoniques à destination du directeur du renseignement intérieur, Patrick Calvar, nommé à ce poste par Manuel Valls à la place de Bernard Squarcini sont également révélés et attestent là encore de pressions. Il a été entendu comme témoin dans cette enquête à la fin du mois de mars et la retranscription des écoutes montre un homme qui reste prudent.
L'ancien chef de l'Etat, et son chef de cabinet Michel Gaudin, l'interrogent par exemple sur la tenue - ou non - d'une enquête et menacent de dévoiler des éléments à la presse dans le but de le mettre dans l'embarras.
Tout au long des échanges publiés par Le Monde, la notion de "fidélité" à Nicolas Sarkozy revient sans cesse et assoit la fiabilité de l'intermédiaire. "Il nous est fidèle, lui?", interroge notamment Nicolas Sarkozy à propos de Patrick Calvar.
Les noms de Philippe Bohn, vice-président chez EADS, de Jean-Louis Fiamenghi, ex-patron du RAID, et d'un mystérieux Tristan H., cité aussi par Mediapart, travaillant sur la question libyenne au sein des services de renseignement, apparaissent aussi régulièrement dans les écoutes dévoilées.
500.000 euros chez Guéant
En mars dernier, des révélations avaient mis au jour que Nicolas Sarkozy, se sachant sur écoute, avait notamment utilisé un second téléphone enregistré au nom de Paul Bismuth. Le site Mediapart affirmait alors: "Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog ont tenté d’entraver méthodiquement le cours de la justice dans l’affaire des financements libyens et celle de ses agendas présidentiels saisis dans le dossier Bettencourt".
Les juges Serge Tournaire et René Grouman enquêtent depuis avril 2013 sur ces allégations. Ils travaillent sur des flux financiers et cherchent notamment à retracer l'origine d'un des 500.000 euros découverts chez Claude Guéant lors d'une perquisition chez l'ancien secrétaire général de l'Elysée, un des principaux interlocuteurs à Paris du régime libyen. Il a lui aussi été placé sur écoute comme Brice Hortefeux.
Dans un volet distinct, d'autres juges enquêtent depuis août 2012 sur un document produit par le journal en ligne Mediapart entre les deux tours de la présidentielle perdue par Nicolas Sarkozy. Attribué à Moussa Koussa, ex-chef des renseignements extérieurs libyens, un document affirmait que Tripoli avait accepté de financer pour "50 millions d'euros" la campagne. Nicolas Sarkozy a porté plainte pour "faux et usage de faux" et "publication de fausses nouvelles".