Bygmalion: Sarkozy, Copé, Lavrilleux, quelles suites judiciaires à l'UMP?

Jean-François Copé et Jérôme Lavrilleux en décembre 2012 au siège de l'UMP - -
L'affaire Bygmalion met l'UMP sans dessus-dessous. Après avoir nié les faits avec véhémence, Jean-François Copé a été contraint de démissionner mardi de la tête du parti. Poussé par les ténors de l'UMP et les aveux, lundi sur BFMTV, de son directeur de cabinet et ancien directeur adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012, Jérôme Lavrilleux.
"Il y a eu des factures présentées à l'UMP qui correspondaient à des dépenses faites pour la campagne" du chef de l'Etat sortant, a notamment reconnu le tout nouveau eurodéputé. Plus tôt lundi, l'avocat de la société Bygmalion avait tenu le même discours, pointant la responsabilité de l'UMP. Le même jour la brigade anticorruption effectuait des perquisitions aux sièges de l'UMP et de Bygmalion.
"Une ou plusieurs enquêtes préliminaires vont être diligentées, explique l'avocate Delphine Meillet à BFMTV.com. Il risque d'y avoir beaucoup d'auditions. Ensuite une décision concernant la saisine d'un juge d'instruction - c'est probable - sera prise par le procureur de la République. Cela peut aller très vite désormais car de nombreux éléments apparaissent".
Quelles peuvent être les suites judiciaires de cette affaire qui prend chaque jour un peu plus d'ampleur?
> Jean-François Copé
Le président démissionnaire de l'UMP est visé, indirectement depuis le mois de mars et les premières révélations du Point, par une enquête préliminaire pour faux, abus de confiance et abus de biens sociaux.
Si sa responsabilité venait à être engagée, le député-maire de Meaux risque jusqu'à 5 ans de prison. "Une demande d'inégibilité pourrait aussi être demandée", précise Delphine Meillet.
Il avait par ailleurs annoncé son intention de porter plainte contre X dans cette affaire à l'instar du député UMP Pierre Lellouche, déjà entendu comme témoin, qui a déposé plainte pour usurpation d'identité après la publication de documents signés de sa main. Il s'agissait des conventions - "réelles", selon Lavrilleux - facturées à l'UMP et organisées par Bygmalion. Elles auraient pu servir à ventiler l'argent de la campagne présidentielle.
> Jérôme Lavrilleux
"Je prendrais mes responsabilités, moi", a expliqué Jérôme Lavrilleux à BFMTV lundi. Pour l'heure son nom s'ajoute à l'enquête en cours mais il n'est visé directement par aucune plainte.
En outre, élu député européen, il bénéficie depuis dimanche d'une immunité parlementaire. Il a assuré qu'il ne l'utiliserait pas et se soumettrait aux demandes de la justice.
> Nicolas Sarkozy
L'ancien chef de l'Etat est concerné par ces accusations puisqu'elles portent sur le financement de sa campagne présidentielle. Pour autant, Jérôme Lavrilleux l'a dédouané lundi sur BFMTV et assure "ne pas l'avoir informé de la situation financière de sa campagne".
Les comptes 2012 de l'ancien chef de l'Etat ont déjà été invalidés par la Commission des comptes de campagne et du financement des partis politiques (CCCFP), les 22 millions d'euros alloués ayant été dépassés de 460.000 euros. Un "Sarkothon", mettant les militants à contribution, avait alors été organisé pour renflouer les caisses d'un parti déjà exsangue. Mais selon le code électoral, la CCCFP ne peut rendre un nouvel avis malgré les nouvelles informations qui pourraient survenir.
Néanmoins, Nicolas Sarkozy "a de grandes chances d'être entendu, explique l'avocate Delphine Meillet à BFMTV. Jusqu'où cette enquête peut-elle aller? Jusqu'à une une condamnation de l'ancien président de la République. Le statut pénal du chef de l'Etat ne le protège plus depuis la fin de son mandat et il n'est pas rétroactif sur la période où il occupait ses fonctions à l'Elysée".
> Bygmalion
La société Bygmalion, un temps suspectée de "surfacturation" puis de base arrière à un "enrichissement personnel" de ses fondateurs ou de Jean-François Copé, deux thèses réfutées par Jérôme Lavrilleux, n'est pas pour autant sortie d'affaire. Son avocat Patrick Maisonneuve, qui parle de fausses factures faites à la demande de l'UMP, a exposé lundi en début d'après-midi son "système de défense, explique Delphine Meillet. Ce sont des éléments très forts qui ne peuvent que conduire à la saisine d'un juge d'instruction".
"Vu sa défense, poursuit-elle, il est probable qu'il ait en sa possession des éléments très puissants".