Après la politique, la nouvelle vie de François Fillon
Sa dernière intervention publique date du 23 avril, au soir du premier tour de l'élection présidentielle. Depuis, François Fillon -qui reste mis en examen dans l'affaire des soupçons d'emplois fictifs- se fait discret. Il a mis de côté la politique et travaille désormais dans le privé.
L'ancien candidat dans la course à l'Élysée est depuis début septembre l'un des associés de Tikehau, une société d'une centaine de personnes spécialisée dans les placements financiers. Son salaire est confidentiel mais il serait supérieur à 10.000 euros mensuel, selon plusieurs sources. Il enchaîne les réunions et les déplacements à l'étranger, il s'est d'ailleurs remis à l'anglais de manière intensive. François Fillon était mi-septembre à Singapour pour rencontrer de potentiels investisseurs.
À la question de savoir comment il va, il a répondu au micro de BFMTV qu'il allait "très bien", tout en refusant d'en dire davantage. Selon ses proches, après avoir pris "un gros coup", François Fillon va mieux, a su rebondir et prendre un nouveau départ. C'est un homme "indépendant, autonome", on le sent "libéré". Mais il attend une chose: être blanchi.
Recruté pour son carnet d'adresses
À ses proches, il assure que son nouvel emploi l'enthousiasme mais refuse d'aborder le dossier des affaires. C'est pour son carnet d'adresses, ses connaissances parfois personnelles de dizaines de dirigeants dans le monde entier qu'il a été recruté.
"Il va leur apporter tout ce qui est réseau, contacts au plus haut niveau et évidemment une capacité vers de nouvelles zones que Tikehau souhaite adresser, c'est-à-dire l'Asie, les grands fonds souverains", indique à BFMTV Sébastien Faijean, directeur chez ID Midcaps.
Sa passion pour l'automobile est intacte. Le week-end dernier, il a participé à un rallye de voitures anciennes avec son épouse en Belgique. Officiellement, il ne veut plus jouer aucun rôle politique. Thierry Solère, qui était son porte-parole durant la campagne, n'a plus de nouvelles de lui. Et François Fillon n'a participé à aucune des universités d'été des Républicains.
"C'est un homme qui a tourné la page d'une carrière politique, d'une vocation qui était mue par des convictions très profondes, déclare Gérard Longuet, sénateur LR de la Meuse, à BFMTV. Je crois qu'il a gardé les convictions mais il a la certitude que les responsabilités incomberont à d'autres désormais. Lui a à reconstruire sa vie personnelle."
Une fondation pour les chrétiens d'Orient
Pourtant, François Fillon reste attentif. Il y a dix jours, il a félicité par téléphone Gérard Larcher pour sa reconduction à la tête du Sénat. Et suit de loin l'élection à la présidence des Républicains. Deux candidats, Daniel Fasquelle et Florence Portelli, ont demandé à le rencontrer. Mais aucune date n'est encore prévue.
François Fillon a également eu les candidats malheureux aux législatives par téléphone. Certains lui ont parlé, d'autres ont préféré prendre leurs distances. C'est le cas d'un député que BFMTV a rencontré. L'ancien candidat à la présidentielle lui a laissé plusieurs messages mais il n'a pas souhaité donner suite, "c'est encore trop frais", selon lui. Caroline Cayeux, la maire LR de Beauvais, rencontre quant à elle régulièrement l'ancien Premier ministre.
"Il ne prendra pas parti sur l'élection du président de LR, assure-t-elle à BFMTV. Il a gardé des liens avec ceux qui étaient proches et nous, nous avons aussi envie d'en garder avec lui."
Son prochain projet: une fondation pour les chrétiens d'Orient, qui devrait voir le jour début 2018. Si l'ancien champion des Républicains reste réservé, il avait pourtant assuré cet été à ses proches que son silence "ne sera pas éternel". Il ne souhaite pas écrire à chaud, François Fillon se laisse le temps pour écrire un ouvrage. Et avait précisé: "Le moment venu, j'écrirai ce que j'ai sur le cœur".