Les partisans de Martine Aubry ont manqué à l'appel des frondeurs

Martine Aubry et François Lamy (à l'arrière-plan) au congrès de Poitiers en 2015. - GUILLAUME SOUVANT - AFP
Elle est régulièrement citée au PS comme une alternative de gauche à l’orientation du gouvernement, elle signait en février une tribune offensive contre le bilan de François Hollande, elle déclarait il y a peu en avoir "ras-le-bol" de Macron et de son libéralisme avant de déclarer le projet de loi El Khomri "extrêmement dangereux". C’est dire si la maire de Lille, Martine Aubry, est attendue au tournant dans le tumulte politique déclenché par l’utilisation par Manuel Valls de l’article 49.3 pour faire passer en force la loi Travail à l’Assemblée.
Au moment de trouver les signataires de leur motion de censure des gauches, les frondeurs ont donc logiquement lorgné sur leurs compagnons d’armes "aubryistes". Pourtant le 11 mai, après avoir réuni 56 noms, manquant de deux supplémentaires, ils ne pouvaient déposer leur motion et aucun député proche de Martine Aubry ne figurait à leurs côtés.
François Lamy, député élu dans l’Essonne et partisan de l’édile nordiste, a expliqué l’absence de son camp parmi les signataires dans les colonnes du Parisien: "Pour faire quoi derrière? Provoquer une dissolution et permettre le retour de la droite? Martine Aubry n’est favorable ni à la politique du pire ni à la scission du PS."
La justification n’a pas plu du côté des déçus. Un député socialiste anonymement cité dans le même article explose: "La politique du pire, c’est de passer par le 49.3!" Pour les frondeurs, Martine Aubry est déconnectée.
Mais Jean-Marc Germain contredit cette lecture. Ce député proche de Martine Aubry, élu des Hauts-de-Seine et par ailleurs auteur d’un livre intitulé Tout avait si bien commencé: journal d’un «frondeur», a dit avoir été tenté de rejoindre la motion avant d’y renoncer: "La colère est mauvaise conseillère et j’ai raisonné. Il faut voter avec sa tête et pas avec ses tripes. La censure, c’est un sabre de bois. Ça n’a renversé qu’un seul gouvernement. C’est un outil qui ne fonctionne pas."
En 2015 déjà, lors du congrès de Poitiers, Martine Aubry en personne avait fait faux bond aux frondeurs en rejoignant la motion majoritaire contre la liste emmenée par Christian Paul. Ce souvenir cuisant a été avivé par le silence opposé par l’élue aux coups de fils répétés du leader de la fronde alors que les parlementaires de gauche opposés à la loi Travail et à la mise en vigueur de l’article 49.3 espéraient encore atteindre le seuil de 58 signataires.
L’un d’entre eux, Pascal Cherki, a assuré que dans l'avenir il présenterait une nouvelle motion de censure en cas de nouvel emploi de l’article 49.3. Pour faire mieux que cette tentative avortée et transformer l’essai, il faudra que les frondeurs trouvent un moyen de se rabibocher avec les partisans de Martine Aubry.