Le Front national pose 80 questions à ses adhérents pour se relancer

Marine Le Pen - GUILLAUME SOUVANT / AFP
80 questions pour remettre un parti à flots. Après le "questionnaire de la refondation" des Républicains, le Front national présente à son tour sa "grande consultation des adhérents". En plein marasme après les échecs successifs des élections présidentielle et législatives, la direction du parti d'extrême droite sonde ses militants pour déterminer ses grandes orientations futures.
"Notre formation politique doit aujourd’hui évoluer, s’adapter à cette nouvelle dynamique électorale, se préparer à assumer, demain, l’exercice du pouvoir", constate Marine Le Pen dans un texte introductif.
"On n'est pas dans le cadre d'un message descendant", insiste le porte-parole du parti Sébastien Chenu. Le questionnaire, auquel les militants ont jusqu'au 1er décembre pour répondre, est divisé en trois grandes parties, consacrées au profil politique des adhérents, à l'organisation interne du FN et à des questions de fond sur la ligne frontiste.
L'euro sur la table
La consultation met sur la table certaines questions épineuses. Outre un possible changement de nom du Front national, le dossier européen est abordé sans détour dans le formulaire. Deux questions traitent directement de la sortie de l'euro, pomme de discorde au sein du FN.
"Êtes-vous favorable à ce que la France abandonne la monnaie unique afin de retrouver sa souveraineté monétaire ?", demande d'abord l'état-major du parti, avant d'ajouter, manifestement soucieux de se laisser la plus grande marge de manœuvre possible sur l'euro: "Êtes-vous favorable à ce que la question monétaire ne soit plus présentée comme prioritaire au sein de notre programme économique ?"

Tactique politique
Avec ce questionnaire, les dirigeants frontistes cherchent aussi à trancher entre validation et liquidation de l'héritage politique de l'ancien numéro deux du FN, Florian Philippot. "Êtes-vous favorable à ce que le Front national continue de faire de l’immigration un de ses thèmes principaux ?", interroge le document, à l'heure où la tentation d'un retour au triptyque fondamental - identité, sécurité, immigration - est forte chez les cadres du Front.

La question de la pertinence du clivage "patriote-mondialiste", marotte du fondateur des Patriotes, est également posée, avec comme corollaire la stratégie électorale du parti.
L'alliance avec Nicolas Dupont-Aignan lors du second tour de l'élection présidentielle n'ayant pas porté ses fruits électoralement, le Front national hésite encore entre une stratégie d'union des droites et une doctrine de dépassement du clivage gauche-droite.
Il est ainsi demandé aux militants de se prononcer sur l'opportunité d'accords avec d'autres personnalités politiques, ou sur leurs personnalités politiques préférées en dehors du Front national. Avant même d'en connaître les résultats, ce questionnaire démontre au moins une chose: le parti de Marine Le Pen est encore loin d'être sorti de son flou idéologique.