Le député Fabien Roussel va succéder à Pierre Laurent à la tête du PCF

Fabien Roussel en décembre 2015 à Lille. - PHILIPPE HUGUEN / AFP
Le député du Nord Fabien Roussel a été désigné mardi soir par la commission des candidatures du PCF pour succéder à Pierre Laurent à la tête du parti, a affirmé Fabien Roussel à l'AFP.
Le sénateur de Paris, qui avait été désavoué par un vote des militants début octobre, prendra lui la tête du Conseil national du Parti communiste, a-t-il précisé. Ce choix de la commission des candidatures du PCF doit encore être entériné dimanche midi, à l'occasion du 38e Congrès du parti à Ivry-sur-Seine dans le Val-de-Marne.
Pierre Laurent à la tête du Conseil national
Pierre Laurent, ancien journaliste âgé de 61 ans, avait pris en main en 2010 les destinées du Parti communiste, qui peine aujourd'hui à exister dans le paysage politique, concurrencé par La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Il prendra désormais la tête du parlement du parti.
Pierre Laurent avait lui-même ouvert la porte lundi à cette solution de compromis en faisant savoir qu'il était prêt à laisser la place de numéro un à Fabien Roussel, à condition de se voir attribuer une place éminente.
Fait inédit pour le Parti communiste, sa direction a été désavouée début octobre lors d'un vote des adhérents. Le texte du secrétaire national Pierre Laurent a, avec 37,9% des voix, été battu par "le Manifeste pour un PCF du XXIe siècle" (42,1%), porté notamment par le patron des députés communistes André Chassaigne et par Fabien Roussel.
Sortir de l'ombre de la France Insoumise
Âgé de 49 ans, Fabien Roussel a été élu député de la 20e circonscription du Nord en juin. Lui aussi ancien journaliste, il incarne au PCF une ligne "identitaire", affirmant haut et fort la volonté du parti de sortir de l'ombre de la France insoumise pour exister de manière autonome dans le débat public.
Ses partisans critiquent notamment le choix de Pierre Laurent de ne pas présenter de candidat PCF lors des deux dernières élections présidentielles, pour soutenir Jean-Luc Mélenchon.
Fabien Roussel a reçu dimanche le soutien du maire adjoint d'Anne Hidalgo, Ian Brossat, chef de file du PCF aux européennes. Depuis le coup de tonnerre d'octobre, les discussions sont allés bon train entre les partisans des deux textes, afin d'éviter d'en passer par un vote fratricide.
"Je sais que les communistes ne veulent ni de la division, ni de la victoire des uns sur les autres. J'ai consulté. J'ai beaucoup parlé avec Fabien Roussel. Tout le monde souhaite qu'une liste unique soit construite demain (mardi) par notre commission des candidatures", a reconnu Pierre Laurent lundi.
"Petits arrangements au sommet"
Le compromis entre les deux hommes a été vivement critiqué par la députée des Hauts-de-Seine Elsa Faucillon, signataire d'un troisième texte intitulé "Pour un printemps du communisme" (11,9% des voix), favorable à un rapprochement avec la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon.
"On est sur de petits arrangements au sommet. C'est du grand n'importe quoi, une tragicomédie", a-t-elle affirmé au Monde, en se montrant peu encline à participer à la future direction.
"Mon souhait, c'est qu'Elsa Faucillon participe à la direction. Il n'y a que ça qui m'anime, qu'on travaille tous ensemble", a réagi Fabien Roussel. Le député a affirmé mardi soir que des "camarades signataires du texte de Mme Faucillon (avaient été) proposés" pour rejoindre la future direction. La liste des dirigeants peut encore évoluer d'ici à dimanche.
Sous couvert d'affirmation identitaire, certains à gauche soupçonnent le PCF de tourner le dos à la France insoumise pour mieux discuter avec les socialistes. "Que font-ils à part préparer un accord avec le PS pour les municipales ?", se demande un député LFI qui a requis l'anonymat.
"Il n'y a pas plus 'stal' que le PCF du Nord. Mais ils discutent avec le PS", s'amuse de son côté un ténor socialiste. "On ne tourne le dos à personne, on va désormais se faire respecter, c'est tout à fait différent", répond un cadre communiste.