La série adaptée du roman d'Édouard Philippe sur une campagne présidentielle diffusée à la télé

Édouard Philippe au Havre le 12 septembre 2024 - Benoit Tessier / POOL / AFP
Les six épisodes de ce thriller coécrit et réalisé par le cinéaste Pierre Schoeller seront en ligne sur le site de france.tv mercredi, avant leur diffusion sur France 2 à partir du 30 octobre.
Dans cette course à l'Élysée sous haute tension, Paul Francoeur, incarné par Melvil Poupaud, gagne l'investiture de son parti face à Marie-France Trémeau, pourtant favorite, jouée par Karin Viard. Mais la machine s'enraye quand le plus proche conseiller de Francoeur, César (Swann Arlaud), reçoit un coup de fil anonyme l'informant du trucage de cette primaire.
En projet depuis 2016
Il s'agit de l'adaptation du roman "Dans l'ombre", écrit par Édouard Philippe et Gilles Boyer il y a près de quinze ans, remis au goût du jour avec notamment l'impact des réseaux sociaux sur une campagne.
Mais les calendriers s'entrechoquent: l'ancien Premier ministre, à la tête du parti Horizons, s'est déclaré début septembre candidat à la prochaine élection présidentielle, prévue en 2027.
France Télévisions avait approché les auteurs dès 2016... avant que Matignon ne les accapare de 2017 à 2020. Le projet n'a pu reprendre qu'ensuite, lorsqu'Edouard Philippe est redevenu maire du Havre.
Les deux hommes se sont pris au jeu de la série et, de consultants de luxe, sont passés à de véritables co-scénaristes, étant même - très occasionnellement - présents en plateau.
"Nous avons trouvé un modus vivendi", décrit le maître d'oeuvre Pierre Schoeller. Sa réalisation est rythmée et léchée - "l'équivalent de trois longs métrages en trois-quatre ans"-, dit-il à l'AFP.
"Pas une série à clef"
La série plonge au cœur d'une équipe de campagne, qui doit parer aux coups, aux trahisons et imprévus. Mais pas la peine de chercher qui est qui, prévient Gilles Boyer, actuel eurodéputé.
"Ce n'était pas un roman à clé, ce n'est pas une série à clé", a martelé à France Culture l'ancien directeur de campagne d'Alain Juppé pour la primaire de la droite de 2016, puis conseiller spécial d'Édouard Philippe devenu chef du gouvernement. Et de lancer: "Nous aimerions qu'on accepte qu'on écrive de la fiction".
Les personnages font référence "à des métiers", ceux "qui font tourner la machine derrière les têtes d'affiche", avait-il expliqué en mars au festival Séries Mania à Lille.
Gilles Boyer connaît bien la figure centrale de César l'apparatchik, deuxième cerveau du candidat. Il est toujours calme, parfois cynique, un vrai "guerrier qui sert un maître", comme il se définit dans la série.
À ses côtés, Paul Francoeur est un candidat charismatique, alliant "charme et ambiguïté" selon Melvil Poupaud. Sa particularité est d'être en fauteuil roulant, après un accident - un personnage construit notamment en étudiant l'ancien ministre allemand Wolfgang Schäuble, en fauteuil après un attentat.
Épreuve de loyauté
Quant à son opposante interne Marie-France Trémeau, elle affiche sa fermeté et tente de le doubler par la droite. Pierre Schoeller avait en tête "une figure féminine forte comme Christine Lagarde". Mais "j'ai pensé qu'elle pouvait être dans le style de Rachida Dati", actuelle ministre de la Culture, "qui affirme sa féminité dans une forme d'agressivité", a déclaré Karin Viard à Télé 7 Jours.
S'ajoutent une communicante dévouée (incarnée par Evelyne Brochu), une auteure en immersion pour écrire sur la campagne (Maud Wyler) et encore une petite main de l'équipe pleine d'ambition (Baptiste Carrion-Weiss).
Pour Pierre Schoeller, c'est une première série. Le cinéaste avait déjà creusé le sillon politique avec "L'exercice de l'Etat" sur la vie d'un cabinet ministériel (trois César en 2012 dont un pour Michel Blanc).
Son moteur pour Dans l'ombre a été de raconter "une épreuve de loyauté", alors que le poison du doute s'insinue dans l'entourage du candidat.
Que dit cette série du pouvoir? "C'est la volonté d'un homme qui a une conviction acharnée en lui. Mais il ne peut y aller seul", fait valoir le réalisateur, pour qui "la puissance politique est humaine".