"Si on pioche dans le programme du RN, ça sera sans moi": la ligne rouge du ministre démissionnaire Roland Lescure

L'actuel ministre démissionnaire chargé de l'Industrie, Roland Lescure, le 3 juillet 2024 - Ludovic MARIN / AFP
Dans le gouvernement démissionnaire, certains se verraient bien rester aux manettes sous la houlette du nouveau Premier ministre Michel Barnier (LR). D'autres non. C'est le cas de Roland Lescure qui le fait savoir dans une interview à Libération, mise en ligne ce dimanche 8 septembre.
Le ministre démissionnaire chargé de l'Industrie n'est pas vraiment enthousiaste face à la nomination de Michel Barnier. "Ce n'est pas une question de personne", dit-il déplorant toutefois que ce dernier ait mené une campagne "à droite toute" lors de la primaire de LR en 2021.
"Les solutions du RN ne peuvent pas faire partie de l'équation"
"Mais l’essentiel est ailleurs: c’est l’équation politique qui accompagne sa nomination", précise le député représentant les Français d'Amérique du Nord, par ailleurs élu vice-président de l'Assemblée en juillet.
Et pour cause: Michel Barnier est "sous surveillance" du RN, pour reprendre les mots de Marine Le Pen. Autrement dit, son gouvernement ne peut tenir si l'extrême droite décide, comme la gauche, de le censurer.
Face à la tentation de satisfaire le RN sur certaines mesures pour ne pas être renversé, Roland Lescure prévient: "les solutions du Rassemblement national ne peuvent pas faire partie de l’équation. Si on doit aller piocher dans le programme du RN, ce sera sans moi."
Le macroniste liste ses lignes rouges. "Quand j’entends Michel Barnier qui parlait, lors de la primaire LR en 2021, de 'moratoire' sur l’immigration ou de suppression de l’Aide médicale d’Etat, je réponds: préservons l’immigration économique, préservons l’AME", déclare-t-il.
Une interview qui résume bien le dilemme politique auquel fait face le nouveau Premier ministre: s'assurer que l'extrême droite ne le censure pas, tout en recueillant le soutien de l'ancienne majorité.