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Des députés de la majorité montent une task force anti-RN

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Cette initiative de la députée Renaissance Laure Miller a pour but de mettre en difficulté le Rassemblement national, grand vainqueur dans les sondages de la séquence réforme des retraites.

"Montrer à l'ensemble des Français qu'on ne peut pas faire confiance au Rassemblement national". Tel est l'objectif d'une task force - dont l'existence a été révélée par le Le JDD - voulue par la majorité pour mettre en difficulté à l'Assemblée nationale le groupe parlementaire présidé par Marine Le Pen.

"L'idée, c'est qu'on ait un député qui puisse très concrètement répertorier et nous faire passer ce qu'il pourra entendre dans chaque commission de l'Assemblée nationale", explique à BFMTV la députée Renaissance Laure Miller, à l'origine de cette initiative.

Le RN grand vainqueur de la séquence

Élue dans la Marne lors d'une législative partielle fin janvier, celle qui a longtemps milité pour la droite l'avait emporté face Anne-Sophie Frigout, membre du RN et titulaire du poste jusqu'alors.

La naissance de cette task force, composée d'une quinzaine de députés, ne doit rien au hasard. Le Rassemblement national apparaît comme le grand vainqueur de la séquence retraites, à l'inverse du camp présidentiel.

Selon un sondage Elabe pour BFMTV, dont les résultats ont été publiés le 4 avril dernier, Marine Le Pen (55) l'emporterait face à Emmanuel Macron (45%) au second tour de la présidentielle, si l'élection avait de nouveau lieu aujourd'hui.

Paradoxe: le groupe ne s'est pas particulièrement manifesté sur la réforme des retraites. Loin de là. Les lepénistes ont ainsi présenté très peu d'amendements lors de l'examen du texte en première lecture à l'Assemblée nationale. Ils sont également restés loin des cortèges de manifestants, les syndicats refusant leur présence dans les manifestations.

Quelle efficacité à l'Assemblée?

Pour le député Renaissance Sylvain Maillard, le RN "se cache". La formation "continue d'augmenter dans les sondages, alors qu'[elle] ne dit rien", déplore celui qui est vice-président de son groupe au Palais Bourbon.

Sur le papier, les troupes de Marine Le Pen font pourtant office de bon élève avec le taux de participation moyen des députés au vote le plus élevé (44%) devant Renaissance (42%) et La France insoumise (34%), selon datan.fr. Par ailleurs, le groupe a posé 87 questions au gouvernement depuis le début de la législature contre 88 pour La France insoumise (LFI), d'après NosDéputés.fr.

Néanmoins, les élus d'extrême droite se montrent relativement discrets en commission. Dans ces instances, un député RN est intervenu 33 fois en moyenne, contre 106 pour les écologistes et 65 pour les insoumis. Par ailleurs, le groupe a le taux d'amendement voté le plus faible de l'Assemblée (2,6%), selon NosDéputés.fr.

Enfin, sur ses 66 propositions de loi présentées depuis le début de la législature, aucune n'a été adoptée. Par ailleurs certaines sont des copiés-collés d'initiatives de textes émanant d'autres groupes politiques. C'est le cas par exemple sur l'inscription de la proportionnelle intégrale aux législatives, une proposition de loi déposée à l'origine par les insoumis en avril 2021.

Un camp présidentiel "unijambiste"?

La preuve qu'il existe des angles d'attaque pour les macronistes. Lesquels ont sûrement une part de responsabilité dans la situation actuelle. Sur les retraites, "on aurait dû y aller plus fort sur leur mesure pour doper la natalité. Et insister sur leurs modèles: la Hongrie et la Pologne", regrette Laure ­Miller dans le JDD.

Durant les débats autour du projet de loi, l'exécutif et la majorité ont concentré leurs attaques sur les insoumis. Désormais, beaucoup d'élus d'opposition pointent leur responsabilité dans la montée du RN, y compris à droite. Ainsi, Xavier Bertrand a qualifié récemment sur France 2, le camp présidentiel de "totalement unijambiste".

Certes, "l'attitude" du leader insoumis Jean-Luc Mélenchon est "inqualifiable", selon le président Les Républicains des Hauts-de-France, mais "pendant ce temps-là, personne ne débusque le Rassemblement national", avertissait-il. Pour mener la riposte, les macronistes organiseront la première réunion de leur task force au début du mois de mai.

Nelson Getten avec Baptiste Farge