Euthanasies, élevages de poulpes... Aymeric Caron relance son combat à l'Assemblée pour le droit des animaux

Le député apparenté LFI, qui a fait de la défense des droits des animaux son combat, compte déposer quatre propositions de loi qui visent large. Jusqu'à présent, Aymeric Caron n'a jamais réussi à convaincre ses collègues d'aller plus loin sur le sujet, à commencer par l'interdiction de la corrida.

Quatre textes hautement symboliques. Le député Aymeric Caron qui siège sur les bancs des insoumis compte déposer ce lundi plusieurs propositions de loi pour aller beaucoup plus loin sur la défense animale.

"Depuis 3 ans, l'Assemblée nationale a complètement oublié la question des droits des animaux, qui est pourtant essentielle pour mesurer la santé morale d'une société", explique l'ancien journaliste sur X.

Interdiction des élevages de poulpes en France

Première mesure qu'espère voir voter celui qui a lancé le parti Révolution écologique pour le vivant: l'interdiction des élevages de poulpes en France. Pour l'instant, il n'en existe aucun dans l'Hexagone.

Mais face à l'explosion de la consommation de ce mollusque ces dernières années en Europe, Aymeric Caron voudrait faire graver dans le marbre leur interdiction.

Un rapport de l'association CIWF, dédiée au bien-être des animaux d'élevage terrestres et marins, a étrillé le développement de leur élevage, des taux de mortalité très élevé dans les bassins à la question de leur alimentation. Les poulpes de captivité sont par exemple principalement nourris de farine de poisson

On estime aujourd'hui qu'environ 20 à 25 % des poissons sauvages pêchés sont utilisés pour produire de la farine et de l'huile de poisson qui composent l'alimentation des poissons carnivores en élevage. Une vraie catastrophe alors que les ravages de la surpêche sont désormais identifiés.

La fin des euthanasies dans les fourrières

Seconde proposition de loi que défend Aymeric Caron: "les euthanasies de convenance". Les refuges et les fourrières ont régulièrement recours à l'euthanasie des chats et des chiens qu'ils récupèrent, faute de place. Dans une enquête réalisée en 2016 par l'association Agir pour la vie animale dans sur plus de 160 lieux d'accueil de ce type, on estimait que 300 euthanasies étaient faites chaque jour.

Le député propose plutôt de les remplacer par la stérilisation comme c'est déjà le cas dans certains départements comme à La Réunion.

Autre texte sur lequel Aymeric Caron espère convaincre: les "pièges non sélectifs" qui "tuent, mutilent, blessent ou étranglent les animaux". Concrètement, certains pièges qui visent des animaux considérés comme nuisible comme par exemple le raton laveur peuvent attirer des espèces qui ne le sont pas comme par exemple des lapins.

Réduire fortement les expériences sur les animaux

Enfin, l'élu compte avancer sur "la réduction du nombre d'animaux utilisés dans la recherche et l'enseignement" en imposant "la baisse de 50% du nombre d'animaux utilisés d'ici 2050". Ces dernières années, près de 2 millions d'animaux ont subi des expériences scientifiques, des souris aux rats en passant par les chevaux ou les singes.

L'objectif de la réduction de ces expériences est déjà inscrit dans la loi depuis 2010. Mais des spécialistes pointent la difficulté de "s'affranchir du test animal" dans certains domaines.

Des votes probablement compliqués

Aymeric Caron peut-il parvenir à faire adopter ces différents textes? Pour l'instant, le parlementaire n'a jamais réussi à faire avancer la question animale dans l'hémicycle. En novembre 2022, l'ancien journaliste avait reculé sur sa proposition de loi pour faire interdire la corrida en plein débat parlementaire.

En cause: des élus de droite et d'extrême droite qui avaient déposé plusieurs centaines d'amendements pour faire traîner les débats contre la corrida.

Pour faire mieux, le député espère recueillir des signatures au-delà de son propre camp, avec l'objectif de parvenir à les déposer lors d'une semaine transpartisane qui permet d'étudier des textes qui recueille l'assentiment de plusieurs groupes parlementaires.

Un défi impossible? Depuis 2022, aucun texte n'a été voté au Parlement en faveur de la défense des droits animaux. La dernière loi d'ampleur date de novembre 201 et interdisait notamment la fin des delphinariums en 2026 et les animaux sauvages dans les cirques itinérants en 2029.

Marie-Pierre Bourgeois