BFMTV
Politique

Jean-Luc Mélenchon veut rassembler au-delà de la gauche

Une affiche de campagne de Jean-Luc Mélenchon

Une affiche de campagne de Jean-Luc Mélenchon - DAMIEN MEYER - AFP

Jean-Luc Mélenchon était l'invité de L'entretien politique sur France 2 ce vendredi soir. Il a souhaité s'adresser aux électeurs n'appartenant pas à la gauche.

A en juger par les sondages, Jean-Luc Mélenchon poursuit son ascension auprès de l'opinion. Selon un sondage BVA pour La Voix du nord publié ce vendredi, les intentions de votes en sa faveur sont évaluées à 19%, ce qui le porte à égalité avec François Fillon, en troisième position, et lui permet d'espérer créer la surprise au soir du premier tour.

Ces projections très favorables sont sans doute dues pour beaucoup à la chute sous la barre des 10% dans les études du candidat désigné par le Parti socialiste, Benoît Hamon. Mais, pour élargir la base de ses soutiens, Jean-Luc Mélenchon entend à présent s'adresser plus largement à l'électorat, au-delà même du peuple de gauche, comme il l'a montré lors de son passage sur le plateau de L'entretien politique ce vendredi soir, à l'issue du journal de 20h. 

"Moi, je suis un indépendantiste français"

Au moment d'évoquer les derniers développements de la crise syrienne, il a dit sa volonté que les auteurs de l'attaque présumée chimique contre la ville de Khan Cheikhoun soient condamnés. Il a surtout plaidé pour une diplomatie française à équidistance des deux plus grandes puissances mondiales, la Russie et les Etats-Unis. Chemin faisant, il a fourni le nom de son modèle en la matière:

"Le général De Gaulle a fait le choix de l’indépendance, dont je me réclame, et le choix d’une dissuasion tous azimuts. A l’époque, les gens étaient horrifiés, en disant : ‘Comment tous azimuts, monsieur De Gaulle, il y a l’est et l’ouest. Vous ne pouvez pas tout mettre sur le même plan!’ Lui répondait: ‘Si, je mets tout le monde sur le même plan, au sens où la France doit être indépendante.’ Nous sommes plus forts, si nous ne sommes pas liés aux engrenages mortels d’une alliance militaire qu’à l’évidence nous ne contrôlons pas."

Il a par la suite assumé cette référence qui n'a rien d'évident pour le candidat de la "France insoumise", soutenu par le Parti communiste adversaire déclaré dans les années 50 et 60 de celui qui fut le fondateur de la Ve République. "Dans la tradition diplomatique française, oui, je suis plus proche du général De Gaulle et de François Mitterrand que de Monsieur Sarkozy et Monsieur Hollande qui, eux, se sentent plus naturellement liés aux Etats-Unis d’Amérique", a-t-il confirmé, avant de résumer sa position: "Moi, je suis un indépendantiste français."

Rassemblement sans bannières politiques dimanche

Cette posture gaullienne à l'international trouve un écho dans sa campagne. Sans renier son appartenance à la gauche, le député européen a expliqué pourquoi il ne souhaitait plus mettre en avant cette étiquette: "Le mot de gauche était devenu si confus que se battre au nom de la gauche revenait à expliquer pourquoi les uns étaient la vraie gauche et pas les autres. Si bien que je me suis dit que tout ça, c’était du fatras, je n’ai pas envie de passer mon temps à ça."

Cette nouvelle manière d'approcher la vie publique et de solliciter l'électorat n'est pas sans parfois poser des problèmes avec sa famille politique d'origine: "Je me suis dit que peut-être si on part du programme et des propositions, on rassemble plus largement et avec moins d’a priori. C’est ce qui me conduit parfois à ne pas être compris par mes amis."

Appel aux électeurs de droite

Pour illustrer son propos, Jean-Luc Mélenchon a livré l'esquisse de ce à quoi pourrait ressembler son grand rassemblement dominical marseillais ce week-end: "A Marseille, dimanche, on fait un grand rassemblement. J’ai dit à mes amis: ‘Ecoutez, évitez d’amener des drapeaux de partis parce qu’il faut que tout le monde se sente à l’aise.’"

Jean-Luc Mélenchon a d'ailleurs inclus l'électorat de droite dans cet appel qu'il a lancé au micro de Laurent Delahousse: "Tous ceux qui m’entendent et trouvent leur compte dans mon indépendantisme français, dans ma volonté sociale, dans l’idée qu’on va passer à la planification écologique, bref, qu’on va commencer un nouveau monde, peuvent se retrouver avec moi et je n’ai pas envie de demander à chacun: ‘D’où tu viens ? Et qu’est-ce que tu as fait avant?’ On n’en est plus là, on a besoin d’un grand élan qui nous porte en avant."

Robin Verner