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Jean-Louis Debré raconte "son" Jacques Chirac dans un documentaire

Jean-Louis Debré et Jacques Chirac en 2009.

Jean-Louis Debré et Jacques Chirac en 2009. - BORIS HORVAT / AFP

Le 18 mars, LCP diffusera un documentaire intitulé "Mon Chirac". Il est signé de Jean-Louis Debré, ami de Jacques Chirac depuis 52 ans. Dans Le Monde, l'ex-président de l'Assemblée nationale a raconté le lien qui continue à l'unir à l'ancien président de la République, malgré cette maladie qui a fini par le réduire au silence.

Lorsqu'un homme politique évoque un "ami de trente ans", également engagé sur la scène publique, le signe n'est généralement pas très bon pour le vieux copain en question. Mais difficile de tricher quand l'amitié dure depuis 52 ans.

Car c'est en 1967, à la terrasse du pavillon VIP de l'aéroport d'Orly, où il s'agissait d'attendre le général de Gaulle rentrant d'un séjour tonitruant au Canada, que Jean-Louis Debré et Jacques Chirac se sont rencontrés. Ils sont depuis lors inséparables. Et ce lien, que la maladie frappant l'ancien chef de l'Etat n'a pu rompre, est à l'origine de Mon Chirac, le documentaire de Jean-Louis Debré sur son ami, qui sera diffusé par La Chaîne Parlementaire le 18 mars prochain.

En plus de l'ancien président de l'Assemblée nationale, ancien président du Conseil constitutionnel et ancien ministre de l'Intérieur, places toutes dues à Jacques Chirac, Line Renaud, François Pinault et Claude Chirac se relayeront face à la caméra pour évoquer le successeur de François Mitterrand à l'Elysée. 

Il se rend toutes les semaines chez Chirac 

"C'est une manière de lui faire un petit baiser". C'est ainsi que Jean-Louis Debré définit sa démarche auprès du Monde dans un article paru lundi sur internet. Le fils de Michel Debré, cofondateur de la Ve République avec Charles de Gaulle, témoigne sa tendresse à l'égard de Jacques Chirac de bien d'autres manières. Toutes les semaines, il se rend rue de Tournon, dans le 6e arrondissement de Paris, où vit Jacques Chirac. Il s'assied à côté de lui, lui prend la main et lui parle. Depuis l'été dernier, Jacques Chirac a cessé de lui répondre. Il ne prononce, pour ainsi dire, plus un mot. Ses yeux errent dans le vague, tandis qu'il reste dans son fauteuil.

"Je ne sais pas s’il me reconnaît, j’en ressors moralement épuisé, ça me fait mal de le voir comme ça, mais j’ai la faiblesse de penser que ma présence lui fait du bien. J’ai tellement d’affection pour lui, je serai là jusqu’au bout", poursuit Jean-Louis Debré auprès du quotidien du soir, lui qui a connu les coups de grisou de la carrière chiraquienne et la passe très difficile de la campagne présidentielle de 1995. 

Bières, saucisson et tabac 

Les cigarettes, prétextes à une première discussion ce fameux jour de 1967 à Orly, ont en quelque sorte fondé ce long compagnonnage, les verres de rhum l'ont réchauffé. Il y a peu encore, alors que Jacques Chirac était déjà bien diminué, leurs promenades vespérales débouchaient invariablement sur la Rhumerie, sise sur le Boulevard Saint-Germain. Une dernière anecdote illustre la complicité des deux hommes, et le goût de la vie du malade, au cœur du documentaire à venir:

"Ils ont interdit la bière, tu peux venir chargé?", lui disait de temps à autres Jacques Chirac quand il ne voulait pas sortir. "Chargé, ça voulait dire bière, saucisson et tabac. Un jour, Bernadette est entrée dans un nuage de fumée, elle a vu toutes nos victuailles. Chirac s’est tourné vers elle, avec un air désol : 'Ah, Jean-Louis, il est incorrigible!”'"

Robin Verner