Intervention en Syrie: la classe politique française divisée

Christian Jacob, le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale et Jean-Louis Borloo, député et président du parti centriste UDI, à la sortie d'une réunion à Matignon. - -
Syrie, la France doit-elle y aller ou pas? Lundi, Jean-Marc Ayrault rendu public une note du renseignement français déclassifiée pointant la responsabilité du régime de Bachar al-Assad dans l'attaque chimique présumée du 21 août, à Damas.
Le Premier ministre avait également reçu à Matignon plusieurs responsables politiques. En toile de fond se pose la question d'un vote du Parlement mercredi sur une éventuelle intervention militaire, procédure à laquelle la Constitution n'oblige nullement le président de la République.
François Hollande laisse ce mardi matin planer le suspense, le ministre aux Relations avec le Parlement Alain Vidalies confiant que "le sujet n'est pas tabou". Mais alors qu'une frappe d'une coalition franco-américaine semblait imminente il y a quelques jours, beaucoup s'interrogent donc maintenant sur la raison de l'isolement français dans ce dossier.
Quid d'un vote au Parlement?
Pour Marine Le Pen, qui s'exprimait ce mardi matin au micro de Jean-Jacques Bourdin, sur BFMTV/RMC, la décision d'intervenir a "déjà été prise". Le débat au parlement ne serait donc qu'une manière de faire "basculer l'opinion" alors qu'elle rappelle que la majorité de l'opinion française est contre une action en Syrie. La présidente du FN marque sa différence en indiquant qu'elle ne demande pas un vote au Parlement, car celui-ci n'est "pas représentatif du peuple français", la faute au mode de scrutin, selon elle.
Selon Christian Jacob, chef de file des députés UMP, "la France est très isolée". "Où sont nos alliés?", questionne-t-il encore "Nous on reste sur la position qui est la nôtre, c'est celle du cadre international, c'est-à-dire qu'une intervention ne pourrait se justifier que dans le cadre des Nations-Unies". "Si le président de la République décide une rupture avec tous ses prédécesseurs qui ont toujours engagé la France militairement dans le cadre des Nations-Unies, il devrait demander à son Premier ministre d'engager sa responsabilité devant le Parlement".
A gauche, le vote au Parlement est aussi réclamé, notamment par Jean-Luc Mélenchon.
Mais certains dénoncent le détournement à des fins "politiciennes" de ce débat. Selon François de Rugy, coprésident des députés écologistes: "nous continuons à plaider pour que ce débat soit suivi d'un vote. Il nous semble extrêmement important que le Parlement français, dans toute sa diversité, puisse se prononcer par un vote sur la question de la Syrie". Mais nuance-t-il: "On entend l'opposition demander que le gouvernement engage sa responsabilité, mais ce n'est pas une question de politique générale (...) Il est très regrettable que l'UMP se défausse et veuille faire de la politique politicienne à l'occasion de ce sujet extrêmement grave".
Au centre, on s'interroge sur les "preuves"
Pour Jean-Louis Borloo, président de l'UDI, le malaise est encore plus profond et dépasse la simple question d'un vote du Parlement. Il expliquait lundi: "Il y a raisonnement (de la part du Premier ministre, ndlr), il n'y pas de preuve. Et ce qui est plus angoissant, c'est qu'apparemment l'Onu demande au moins trois semaines. S'il y avait une évidence, cela ne prendrait pas trois semaines. Donc nous souhaitons toujours qu'il y ait un mandat ou de l'Onu ou de son assemblée générale -une simple recommandation- ou un débat avec vote au Parlement. Il ne peut pas y avoir de frappe sans un minimum de débats".
Depuis que Barack Obama a décidé de demander l'avis du Congrès américain sur une éventuelle action militaire, le doute s'installe à droite comme à gauche de l'échiquier politique français.