Syrie: Obama attend le feu vert du Congrès, un pari risqué

Barack Obama et le vice-président Joe Biden, le 31 août, à Washington. - -
Le président américain Barack Obama a pris le monde par surprise samedi en annonçant sa décision de principe de frappes contre la Syrie, mais pas avant un feu vert du Congrès, écartant ainsi une action militaire à court terme.
Juste avant cette déclaration présidentielle, que personne à Washington n'avait anticipée, la Syrie avait martelé que son armée était "mobilisée", le "doigt sur la gâchette" face à l'éventualité d'une frappe. Les alliés russe et iranien de Damas avaient même renouvelé leurs mises en garde aux Etats-Unis.
> Une intervention suspendue au feu vert du Congrès
Après dix jours de montée de fièvre consécutive à un massacre aux armes chimiques le 21 août attribué à Damas, Barack Obama a déclaré solennellement depuis la Roseraie de la Maison Blanche avoir "décidé que les Etats-Unis devraient agir militairement contre des cibles du régime syrien". Washington, a-t-il affirmé, est "prêt à frapper quand nous le choisirons [...] demain, la semaine prochaine ou le moins prochain".
Mais quelques secondes plus tard, le président américain, grand sceptique de l'interventionnisme militaire, a fait part de sa "seconde décision": "Je vais demander l'autorisation des représentants des Américains au Congrès pour un usage de la force", a-t-il annoncé en exhortant les élus à soutenir cette demande au nom de la "sécurité nationale".
> Un vote à l'issue incertaine, pas avant le 9 septembre
Les auditions parlementaires au Sénat américain sur le projet d'autorisation de l'usage de la force en Syrie débuteront la semaine prochaine, a annoncé samedi le chef de la majorité démocrate, qui a promis un vote la semaine du 9 septembre. Les auditions seront organisées par la commission des Affaires étrangères de la chambre haute du Congrès, et de hauts responsables de l'administration y participeront. Mais le débat à la Chambre des représentants américaine -la chambre basse du Congrès- ne débutera pas avant le 9 septembre.
Quoi qu'il en soit, ce vote au Congrès - à l'issue très incertaine - interviendra après le sommet du G20 des 5 et 6 septembre à Saint-Pétersbourg, en présence du président russe Vladimir Poutine et du président Obama.
> Une opposition massive des Républicains?
Plus de 170 parlementaires républicains et démocrates avaient réclamé avec insistance cette consultation, mais leurs positions respectives, sur le bien-fondé ou non des frappes, étaient plus difficiles à cerner samedi, les élus étant éparpillés dans tout le pays à la faveur des congés estivaux.
Nul doute que de nombreux républicains rechigneront à soutenir politiquement Barack Obama, alors que d'autres dossiers brûlants sont à l'ordre du jour de la rentrée parlementaire -dette, budget, immigration. Certains faucons comme les sénateurs républicains John McCain et Lindsey Graham ont d'ores et déjà averti qu'ils voteraient contre toute résolution trop timorée, qui ne viserait pas à ébranler le pouvoir de Bachar al-Assad.