Guerre en Ukraine: Villepin appelle l'Europe à "ne pas être spectatrice" face à Trump et Poutine

"L'arrivée de Donald Trump accélère un processus de négociations. Encore faut-il que ce ne soit pas au détriment de l'Ukraine". L'élection de Donald Trump pour un second mandat à la tête des États-Unis, un point de bascule dans la guerre en Ukraine? C'est l'analyse qu'a tenu ce lundi 25 novembre Dominique de Villepin sur RMC-BFMTV.
Alors que d'hypothétiques négociations entre l'Ukraine et la Russie pour une sortie de guerre pourraient être chapeautées par le président républicain après son arrivée à la Maison Blanche en janvier 2025, l'ancien chef du gouvernement français appelle la France et les Européens à ne "pas être des spectateurs".
"Dans cette négociation, nous ne devons pas être des spectateurs regardant Donald Trump discuter avec Vladimir Poutine au risque d'imposer une paix que les Ukrainiens ne souhaitent pas", soutient fermement le diplomate et avocat français.
Moscou comme Kiev semblent ainsi dépendants d'un électron libre, Donald Trump, qui a incarné dans son premier mandat une vision non-interventionniste, préférant plutôt désengager les États-Unis de conflits. Les équipes du président élu ont déjà confirmé travailler à un "arrangement" dimanche.
"Ce dont nous devons discuter, c’est de savoir qui sera autour de la table, s'il s'agit d'un accord, d’un armistice, comment amener les deux parties autour de la table et quel sera le cadre d’un arrangement", a déclaré sur Fox News Mike Waltz, le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump.
"Paix idéale" ou affaiblissement ukrainien
Aux yeux de Dominique de Villepin, la sortie de guerre en Ukraine peut survenir de trois façons. Le plus mauvais scénario, à ses yeux, serait celui d'une "paix imposée" à l'Ukraine où Kiev pourrait être contraint de "lâcher 20% de son territoire" et ainsi renoncer à sa souveraineté, voire à devoir remiser ses espoirs d'intégrer l'Otan.
Face à ce scénario sombre, Dominique de Villepin préfère une "paix idéale", où la Russie ferait le choix de se retirer après son agression.
"Il y a une paix qui serait idéale et c'est de là qu'il faut partir. Il y a une agression russe: il faut respecter le droit international. C'est à la Russie de quitter le territoire ukrainien et c'est à l'Ukraine de pouvoir disposer de sa pleine souveraineté", développe-t-il, reconnaissant une projection "peu vraisemblable".
Fixer des "lignes rouges"
Reste donc un entre deux. Un statu quo démarrant avant tout par un arrêt des combats, un cessez-le-feu sans tout de suite redessiner les cartes. Selon lui, c'est sur cette option "que travaillent aujourd'hui les Américains". Reste donc à définir des "garanties" dans ce cadre: l'Ukraine peut-elle rejoindre l'Otan? Faut-il définir une zone de non-survol?
Dans ces négociations qui s'annoncent, selon lui, la France doit se rapprocher de ses alliés européens et faire bloc derrière l'Ukraine, l'aider à fixer des "lignes rouges" dans les négociations. Sans toutefois recourir à un potentiel envoi de troupes au sol tricolores ou européennes, ce qui marquerait selon lui "un risque d'escalade mécanique".
Conditions, calendrier, frontières... Dans tous les cas, le diplomate estime que "la parole doit revenir aux Ukrainiens". "Ce sont eux qui meurent, ce sont eux qui souffrent".