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Sébastien Lecornu renommé à Matignon? Pourquoi cette hypothèse crispe jusque dans son propre camp

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La reconduction de Sébastien Lecornu à Matignon fait toujours partie des hypothèses alors qu'Emmanuel Macron est censé annoncer le prochain Premier ministre ce vendredi 10 octobre. Mais tant dans les oppositions que du camp présidentiel, l'idée hérisse.

Officiellement, la "mission" de Sébastien Lecornu est "terminée", si l'on s'en tient à ses déclarations faites mercredi 8 octobre sur France 2. Mais en réalité, celui qui se décrit comme un "moine-soldat" pourrait reprendre du service. Du moins, le Premier ministre et ministre des Armées démissionnaire fait partie des hypothèses pour Matignon, quatre jours après avoir rendu sa démission.

Déjà évoqué mercredi par Le Parisien, son nom ressort toujours ce vendredi avant qu'Emmanuel Macron ne reçoive les différentes formations politiques, sauf la France insoumise et le Rassemblement national, à l'Élysée, à 14 heures 30.

Cette option présenterait l'avantage, selon ses soutiens, de garder aux responsabilités celui qui est au cœur des négociations depuis un mois. Lequel serait peut-être difficilement censurable pour LR ou une partie du camp présidentiel, même s'il proposait une suspension de la réforme des retraites, l'une des conditions socialistes pour ne pas renverser le prochain gouvernement.

Pour autant, une reconduction impliquerait sûrement un changement d'équation. D'abord, au niveau du casting gouvernemental, principal irritant dimanche soir pour la droite, très remontée notamment contre la nomination de Bruno Le Maire à la Défense.

En ce sens, Sébastien Lecornu a partagé mercredi soir, après d'ultimes négociations avec les formations politiques, son "intime conviction que l'équipe (prenant) ses responsabilités dans les jours à venir" devra "être complètement déconnectée des ambitions présidentielles".

Une forme de retour d'expérience pour lui après avoir dénoncé des "appétits partisans", visant notamment Bruno Retailleau, président du parti Les Républicains, qui a précipité sa chute dimanche en remettant en cause la participation de LR au gouvernement.

Un casus belli pour les oppositions?

Reste à déterminer comment réagiront les oppositions, tant un maintien de Sébastien Lecornu pourrait constituer un casus belli. En effet, toutes ont décrié un gouvernement reflétant une continuité du macronisme en début de semaine.

Dès lors, que diraient-elles si Emmanuel Macron, tout en modifiant la composition du gouvernement, nommait à nouveau à sa tête l'un de ses plus - si ce n'est le plus - proches alliés?"

Jeudi soir, communistes, socialistes et écologistes ont publié un communiqué commun pour appeler à une "cohabitation" avec un "gouvernement de gauche et écologistes". Sans pour autant agiter explicitement la menace d'une censure si ce scénario ne se réalisait pas.

Aussi, Marine Tondelier, patronne des Écologistes, n'a pas répondu concrètement à la réaction qu'entraînerait une reconduction de Sébastien Lecornu ce vendredi matin sur TF1, affirmant toutefois:

"Il n'avait rien à faire là la première fois, le renommer ne changera rien, on a assez perdu du temps. Ces gens doivent rendre le pouvoir à ceux qui ont gagné les élections (législatives), c'est-à-dire la gauche et les écologistes."

Des fortes réticences également dans le camp présidentiel?

À droite, Bruno Retailleau a posé ses conditions à une participation au gouvernement - que celui-ci ne soit pas dirigé par un Premier ministre macroniste, comme Sébastien Lecornu donc, ou de gauche. Mais irait-il jusqu'à réclamer la censure? Et si tel était le cas, serait-il suivi par les députés LR, avec lesquels certaines tensions sont apparues ces derniers jours.

Un cadre de droite interrogé par BFMTV balaie l'hypothèse d'un gouvernement Lecornu 2: "c'est le comble du ridicule".

Quelles sont les conséquences économiques de la démission de Sébastien Lecornu?
Quelles sont les conséquences économiques de la démission de Sébastien Lecornu?
3:05

Autre question: le camp présidentiel est-il réellement prêt à soutenir Sébastien Lecornu? Ce vendredi, Gabriel Attal, qui disait lundi ne "plus comprendre les décisions du président de la République", a une nouvelle fois appelé à un "partage du pouvoir", déclarant notamment sur France 2:

"Depuis un an, désigner un Premier ministre, a fortiori un Premier ministre identifié comme très proche du président de la République, ça ne facilite pas les discussions avec les partis politiques de l'opposition".

Ministre démissionnaire de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher est allée plus loin. Elle a appelé sur France Info à faire "une rupture, en tendant la main réellement à gauche".

L'extrême droite, elle, a déjà annoncé qu'elle censurerait le prochain gouvernement, quel qu'il soit. Tandis que La France insoumise promet de faire de même pour tout exécutif qui représenterait une continuité du macronisme.

Baptiste Farge