Pour Barnier, le transfert de migrants vers un pays tiers, comme le fait l'Italie, n'est "pas transposable" à la France

Une piste qui n'est pas sur la table. Lors d'un déplacement à Menton et Vintimille ce vendredi 18 octobre, Michel Barnier a indiqué ne pas souhaiter s'inspirer de l'accord entre l'Italie et l'Albanie qui autorise Rome à transférer des migrants vers Tirana avant d'étudier leur demande d'asile.
"Je ne crois pas que cet exemple soit transposable à la France pour des raisons juridiques, institutionnelles et aussi liées aux personnes susceptibles d'aller dans un tel centre en France", a jugé le Premier ministre au micro de BFMTV.
Un dispositif controversé et très ciblé
Un accord signé en 2023 entre l'Italie et l'Albanie pour externaliser la demande d'asile des migrants est entré en application cette semaine. Une fois débarqués d'un bateau de la marine italienne, une quinzaine d'hommes originaires d'Égypte et du Bangladesh ont été enregistrés dans le premier centre créé par les Italiens en Albanie avant de se rendre dans un centre de rétention.
Les migrants y sont détenus en vertu d'une mesure de rétention administrative décidée par le préfet de Rome, dans des préfabriqués de 12 m² entourés de hauts murs et de caméras et surveillés par la police, dans l'attente du traitement de leur demande d'asile.
Le dispositif concerne uniquement les hommes adultes interceptés par la marine ou les garde-côtes italiens dans leur zone de recherche et de sauvetage dans les eaux internationales.
"Coopérer plus avec les pays de transit"
Le dispositif, inédit dans l'UE, a inspiré la patronne de la Commission européenne, Ursula von der Leyen qui a mis le sujet sur la table lors d'un sommet européen ce jeudi. Il a également convaincu une partie du gouvernement, à en croire du moins les propos de la porte-parole du gouvernement.
Maud Bregeon a assuré ce jeudi sur Sud radio que le ministère de l'Intérieur "étudiait" la possibilité d'envoyer des demandeurs d'asile en dehors de l'UE.
Michel Barnier n'a d'ailleurs pas fermé la porte à cette hypothèse qui ne serait donc pas calquée sur l'expérience entre l'Italie et l'Albanie.
"Nous allons coopérer encore plus avec les pays de transit ou les pays de départ. C'est ce que fait d'ailleurs l'Italie avec le soutien de l'Union européenne, avec la Libye ou avec la Tunisie, et nous allons coopérer avec ces pays", a ainsi ajouté le chef du gouvernement.
"Notre intérêt est de travailler intelligemment avec les pays de transit, de départ d'accueil", a encore insisté le Premier ministre.
D'autres sources d'inspiration
La France pourrait par exemple s'inspirer de ce qu'a fait le Royaume-Uni depuis 2022 en expulsant des demandeurs d'asile - d'où qu'ils viennent - vers le Rwanda, dans le cadre d'un programme basé sur le volontariat pour les migrants auxquels l'asile a été refusé, moyennant le versement d'un chèque.
Le programme a cependant été abandonné l'été dernier après la victoire des travaillistes à Londres et un camouflet infligé par la Cour suprême.
Autre possibilité pour Michel Barnier: mettre ses pas dans ceux du programme de Valérie Pécresse, la candidate à la présidentielle de son camp politique en 2022.
On peut y lire que les LR souhaitaient "l'obligation de déposer les demandes d'asile à l'étranger ou à la frontière"." Dans ce cas, "les demandeurs seront placés dans des centres dédiés fermés et renvoyés si leur demande n’est pas acceptée", soit concrètement l'ouverture de "hot spots" dans des pays de transit avant que les migrants n'arrivent en France.