Macron "sceptique" sur la mesure de l'Italie pour "externaliser" les demandes d'asile des migrants

Emmanuel Macron lors du sommet européen de Bruxelles du 17 octobre 2024 - Ludovic MARIN / AFP
Une méthode qui divise. L'accord signé en 2023 entre l'Italie et l'Albanie pour "externaliser" la demande d'asile des migrants est entré en application cette semaine. Cette externalisation, une première en Europe, consiste en la mise en place de deux centres en Albanie tenus par les forces de l'ordre italiennes. Les demandes des migrants y sont alors traitées.
Jeudi 17 octobre, en marge du sommet européen à Bruxelles, où les 27 ont haussé le ton jeudi contre l'immigration irrégulière, Emmanuel Macron a donné son avis quant à cette méthode et a fait part de ses doutes.
"Qu'on ait des discussions avec des pays tiers qui accepteraient de garder les gens qu'on ne veut pas accepter et que les pays dorigine ne prennent pas, je suis plus sceptique. Pour moi les règles sont claires, elles sont dans nos textes, je les ai toujours rappelées", a-t-il déclaré dans des propos repris par Le Figaro.
Dans sa réflexion, il est rejoint par le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, qui estime que ces "hubs" ne "s'attaquent à aucun des problèmes et en créent de nouveaux."
"On ne se l'interdit pas"
Jeudi pourtant, dans une interview accordée à Sud Radio, la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon l'a assuré: l'idée d'externalisation de demande d'asile des migrants est "une volonté portée par le ministre de l'Intérieur" Bruno Retailleau.
"Ça prend beaucoup de temps, c'est de la diplomatie, des échanges. On ne se l'interdit pas", a-t-elle ajouté.
À ce sujet, Emmanuel Macron a assuré ne pas être en décalage avec son ministre de l'Intérieur. "Avoir un gouvernement et un ministre de l’Intérieur qui veulent lutter plus efficacement contre l’immigration clandestine, irrégulière, et tous ces mouvements qui exploitent la misère, c’est une bonne chose", a-t-il dit.
En mai, l'Union européenne a adopté le pacte migration et asile, censé entrer en vigueur mi-2026, avec un durcissement du "filtrage" aux frontières et un mécanisme de solidarité entre les 27 dans la prise en charge des demandeurs d'asile. Allemagne, France et Espagne plaident pour accélérer sa mise en place.
Baisse de 42% des passages clandestins
Les questions migratoires reviennent bousculer l'agenda, poussées notamment par les partis d'extrême droite, en progression dans de nombreux pays d'Europe.
Plusieurs gouvernements ont haussé le ton. Le "moteur franco-allemand pousse à agir", selon un diplomate européen, alors que moins de 20% des décisions d'expulsion de migrants en situation irrégulière sont suivies d'effet au sein de l'UE.
La demande d'une nouvelle loi intervient alors que le nombre de passages clandestins détectés aux frontières de l'Union européenne a baissé de 42% sur les neuf premiers mois de 2024 comparé à la même période en 2023, selon l'Agence européenne de surveillance des frontières Frontex.