Pas de gyrophares, voyages en train: Michel Barnier demande des déplacements "sobres" à ses ministres

Michel Barnier à Gennevilliers le 19 novembre 2024 - STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Le Premier ministre avait donné le ton dès son arrivée à Matignon exigeant de son gouvernement de "ne pas faire d'esbrouffe". Voici maintenant la consigne inscrite noir sur blanc dans une circulaire ministérielle consultée par BFMTV.com et révélée par France info.
Pour s'assurer que les déplacements des ministres soient "efficaces, simples et sobres", Michel Barnier leur demande d'abord de respecter "un délai de prévenance de 72 heures minimum" auprès du préfet du département concerné.
Aller à la rencontre de tous les élus, y compris RN
Si ce calendrier permet d'assurer au mieux la sécurité d'un déplacement, elle offre également l'opportunité à la préfecture de prévenir les élus du territoire. De quoi éviter le couac de la visite de Bruno Retailleau lors de sa toute première visite comme ministre de l'Intérieur. Le nouveau locataire de la place Beauvau s'était rendu dans un commissariat de La Courneuve (Seine-Saint-Denis), sans prévenir les ténors du territoire, à commencer par Stéphane Troussel, le président du département de Seine-Saint-Denis qui s'en était ému.
Michel Barnier, qui n'a de cesse de se présenter à l'écoute de tous les partis politiques dans un contexte de majorité relative, veut donc "éviter toute incompréhension". Et pas question de ne pas aller à la rencontre d'élus RN. Le locataire de Matignon demande d'échanger de toutes les figures politiques locales "quelle que soit leur appartenance politique".
Il faut dire que ne pas froisser Marine Le Pen, qui a de nouveau brandi le vote d'une motion de censure en décembre prochain, est l'une des priorités du gouvernement.
Varier les lieux de visite, y compris loin des grandes villes
S'appuyer sur les préfets en amont permet aussi d'éviter "des visites simultanées ou trop rapprochées de plusieurs membres du gouvernement sur le territoire".
Avec deux objectifs: s'assurer avec des déplacements partout dans l'Hexagone d'avoir des articles de presse dans les médias locaux et éviter au passage des agacements pour des habitants qui doivent souvent faire face à des restrictions de circulation lors de visites ministérielles.
Pas question non plus de jouer trop la carte de l'Île-de-France ou des grandes métropoles qui assurent aux ministres des déplacements facilités et l'assurance de dormir dans son lit le soir.
"Je vous engage à varier les lieux choisis en limitant les destinations traditionnellement retenues pour leur facilité d'accès", somme ainsi le Premier ministre. "Vous privilégierez les départements où les visites officielles sont plus rares", peut-on encore lire dans cette circulaire.
Une consigne qui ne semble pas encore être redescendue jusq'aux différents ministères: Bruno Retailleau organise ce mercredi à Paris le Beauvau des polices municipales. La ministre de l'Agriculture Annie Genevard se rend à Arras jeudi pour aller à la rencontre des agriculteurs, à seulement 50 minutes de TGV de Paris. Même topo pour la minisitre de la Santé Geneviève Darrieussecq qui ira à Lille vendredi.
Respecter le code de la route
Dernière demande de Michel Barnier: faire preuve de "d'exemplarité et de sobriété". Pour ce faire, il est conseillé aux ministres que "les moyens déployés" pour les déplacements ne "revêtent en aucun cas un caractère ostentatoire".
Il est ainsi recommandé de favoriser "un déjeuner" en préfecture, permettant au passage de contourner d'éventuelles factures de restaurant qui peuvent vite flamber avec des dizaines d'élus locaux autour de la table.
"Vous veillerez également à ce que la circulation des convois ministériels ne déroge pas au code de la route", avance encore la circulaire.
Comprendre: éviter l'usage intempestif du gyrophare qui permet de griller les feux rouges et les stops.
Utiliser le plus possible le train
Il faut également "limiter le nombre de conseillers" nécessaires aux ministres. Leur présence fournie dans le cadre des déplacements est parfois vue comme une façon de montrer à ses interlocuteurs locaux son poids politique.
"De même, vous privilégériez le train dans toute la mesure du possible", conclut enfin Michel Barnier.
Le Premier ministre a voulu donner l'exemple depuis son arrivée à Matignon. Dernier épisode en date: pour son déplacement à Angers vendredi , le Premier ministre a utilisé le rail à l'aller comme au retour.