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Nahel: Élisabeth Borne juge les insoumis "en dehors du champ républicain"

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La Première ministre et Mathilde Panot se sont rendues coup pour coup ce mardi à l'Assemblée nationale. Une illustration de plus des reproches réciproques que se font les insoumis et le camp présidentiel depuis la mort du jeune Nahel et les émeutes qui se sont déroulées ensuite.

C'est une séquence parmi d'autres à l'Assemblée nationale. Mais elle illustre particulièrement la passe d'armes à laquelle se livrent les insoumis et le camp présidentiel depuis quelques jours, en marge de la mort de Nahel à Nanterre mardi dernier, et les émeutes qui s'en sont suivies.

L'affiche du face-à-face: Mathilde Panot, chef de file des députés LFI - Élisabeth Borne, Première ministre. La première prend la parole depuis l'hémicycle ce mardi lors des questions au gouvernement. L'élue du Val-de-Marne cogne sur le camp présidentiel:

"Vous n'avez posé aucun acte politique pour répondre au problème qui se dresse face à nous", introduit-elle.

"Réponse politique"

Avant d'interroger: "Comment un jeune de 17 ans peut-il être tué par un policier en République française? Pourquoi 16 personnes ont-elles trouvé la mort depuis un an et demi en France pour refus d'obtempérer quand l'Allemagne ne compte qu'un mort en dix ans. Et le plus glaçant: combien de Nahel n'ont pas été filmés?"

Puis, Mathilde Panot accuse la macronie de "faire peser" sur les insoumis "la responsabilité de la colère", alors qu'elle "prend racine dans un meurtre odieux", selon elle. Et cette proche de Jean-Luc Mélenchon d'appeler, comme le leader de sa formation, à une "réponse politique". Soit, le "seul moyen", à ses yeux, "d'apaiser durablement le pays", alors que "ni les interpellations, ni la répression ne viendront tarir la soif de justice".

"Brutalité verbale", "excuse constante", "violence"

De l'autre côté du ring, Élisabeth Borne n'est pas en reste. "Depuis une semaine, face aux violences qui ont éclaté, je cherche vos condamnations et j'entends vos excuses", commence la cheffe du gouvernement, chantant là un refrain entonné par les siens depuis plusieurs jours.

La Première ministre s'engouffre ensuite dans la brèche des divisions de la gauche. Lesquelles sont d'autant plus visibles que Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français (PCF) et critique régulier de la Nupes, n'est pas le seul à avoir pris ses distances avec la stratégie de Jean-Luc Mélenchon. Son homologue socialiste, Olivier Faure - fervent défenseur de cette alliance des gauches - a fait de même. De quoi donner un angle d'attaque à Élisabeth Borne, qui en profite.

"Vous auriez pu, comme vos alliés de la Nupes, exprimer votre émotion à la suite du décès d'un jeune de 17 ans, demander justice et appeler sans ambiguïtés au retour au calme."

Mais les insoumis, poursuit l'ex-ministre des Transports, ont emprunté un "autre chemin". "Celui de la brutalité verbale, celui de l'excuse constante, de la violence", d'après elle.

"Vous sortez du champ républicain"

L'hôte de Matignon accuse ses adversaires de sortir du "champ républicain" en refusant "d'appeler au calme". Un classique là-aussi, les membres du camp présidentiel mettant les élus LFI dans le même sac que ceux du RN depuis le début de la législature, avec une tendance néanmoins à taper plus fort sur les premiers que sur les seconds. Sur les bancs de l'hémicycle, Manuel Bompard, coordinateur national de LFI, joue d'ironie.

Devant les applaudissements recueillis par la Première ministre, il fait des grands gestes, tel un footballeur qui haranguerait la foule pour lui demander de faire encore plus de bruit. Élisabeth Borne appuie son propos dans une anaphore:

"Quand une de vos députés affirme que la fin justifie les moyens, vous sortez du champ républicain, quand votre leader parle de permis de tuer pour les policiers, de peine de mort pour les jeunes des quartiers et nous traite de chien de garde, vous sortez du champ républicain."

Le ton est donné. Et la tension ne retombe pas. D'autant plus qu'Aurore Bergé, patronne des députés Renaissance, lie - à tort - la mort récente du caporal-chef Dorian Damelincourt aux émeutes, tout en accusant "ceux qui ont refusé d'appeler au calme", dans une allusion limpide aux insoumis. Problème: le décès du sapeur-pompier n'a rien à voir avec les événements évoqués par la parlementaire des Yvelines. De quoi raviver les débats.

Baptiste Farge