"Je ne suis pas un prestidigitateur": Bruno Retailleau demande du temps après les attaques de prisons

"On ne peut pas maîtriser une situation en quelques jours. Je ne suis pas un prestidigitateur". Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau demande du temps tout en promettant des résultats ce mercredi 23 avril sur BFMTV-RMC face à la série d'attaques qui touche les centres pénitentiaires et leurs agents depuis dix jours.
"Les faits sont nombreux, sans doute coordonnés, il y en a eu 65 en France", précise le patron de la place Beauvau, attendu cet après-midi à la prison de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) aux côtés du Premier ministre François Bayrou et le ministre de la Justice Gérald Darmanin.
"Nous les aurons"
"Nous mettons le paquet", "nous avons vraiment une mobilisation considérable de nos forces sous l'autorité judiciaire", assure Bruno Retailleau, précisant: "Pas moins de 125 enquêteurs sont mobilisés au moment où je vous parle avec l’appui de 30 autres enquêteurs de la police scientifique et technique."
"Nous les aurons", promet celui qui candidate à la présidence du parti Les Républicains contre Laurent Wauquiez. "Les petites mains, mais il faut aussi les donneurs d’ordre, c’est ce qui rend les choses un petit plus difficile."
Dans la nuit de lundi à mardi, de nouvelles dégradations et incendies ont eu lieu en Isère, dans le Calvados ou dans l'Oise. Pour l'heure, le Parquet national antiterroriste (Pnat) est saisi de 13 faits commis entre le 13 et le 21 avril dans 9 départements, dont 3 visant des domiciles d'agents pénitentiaires, a-t-il indiqué à l'AFP. Au total, 21 véhicules ont été incendiés et une dizaine d'autres dégradés, a-t-il précisé.
Le Pnat "est par ailleurs en lien étroit avec les parquets territoriaux saisis des autres faits commis visant des véhicules à proximité des enceintes pénitentiaires, y compris (dans la nuit de lundi à mardi) dans le Rhône, en Isère et dans le Calvados", a-t-il ajouté.
"Il y a un lien qui paraît assez évident"
Aux abords de prisons prises pour cible, le sigle "DDPF" a été retrouvé. Ce groupe avait publié une vidéo et des menaces sur la messagerie cryptée Telegram.
Aucune piste n'est privilégiée à ce stade, mais celle du narcobanditisme a été mise en avant au sein de l'exécutif, à quelques mois de l'entrée en fonctionnement de la première prison de haute sécurité pour les narcotrafiquants.
"Très franchement, quand on voit la configuration des choses, que cela vient juste après la loi narcotrafic que nous avons portée avec Gérald Darmanin, avec la question de la sécurisation des prisons, il y a un lien qui paraît assez évident", dit Bruno Retailleau sur BFMTV-RMC.
L'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire) semble pencher également vers cette thèse, estimant que "ces attaques sont vraisemblablement la conséquence des coups portés par le ministère de la justice à la délinquance et au crime organisés".
Dans un communiqué, le syndicat estime que "la réponse de l'État" doit être "à la hauteur" de l'"aggravation de la menace qui touche tous ceux qui œuvrent au ministère de la Justice". Lorsqu'ils sont ciblés, "c'est la République qui est attaquée".