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Gouvernement

"Elles peuvent mettre des foulards": Vautrin appelle les accompagnatrices scolaires voilées à "trouver l'équilibre"

La ministre de la Santé, Catherine Vautrin, le 11 décembre 2024 à l'Élysée

La ministre de la Santé, Catherine Vautrin, le 11 décembre 2024 à l'Élysée - Alain JOCARD / AFP

Catherine Vautrin est revenu ce vendredi 10 janvier sur la volonté du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau d'interdire le port des signes religieux pour les accompagnatrices scolaires. Elle défend "la nuance" tout en appelant à trouver un équilibre entre "le respect des convictions" et "les valeurs de la République".

Des divisions. Après le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau qui appelle à interdire le port du voile pour les accompagnatrices de sorties scolaires et la prise de distance de la porte-parole du gouvernement en la matière, c'est au tour de Catherine Vautrin de donner son sentiment.

Les mères qui accompagnent des classes lors de sorties "peuvent mettre des foulards. Vous avez des signes qui sont moins ostentatoires que d'autres", juge ainsi la ministre de la Santé, des Solidarités et des Familles ce vendredi sur Europe 1-Cnews, avant d'évoquer plus précisement "des petits foulards".

Le port du voile possible d'après le Conseil d'État

"Tout est dans la nuance. Là-dessus, moins on aura d'attitudes provocatrices, mieux on se portera. C'est ça qu'attendent nos concitoyens", défend encore l'ancienne élue LR.

Mardi dernier, le locataire de la place Beauvau avait défendu sur RTL son souhait d'interdire le port du voile pour les accompagnatrices scolaires. "Je pense que les accompagnatrices scolaires, c'est l'école hors les murs", avait encore défendu Bruno Retailleau.

En l'état actuel de la loi, les parents d'élèves qui accompagnent des classes à l'extérieur d'un établissement scolaire peuvent arborer des signes et des tenues religieuses qui manifestent ostensiblement leur appartenance religieuse. C'est le Conseil d'État qui a tranché le sujet dans un avis de 2013.

"Un équilibre"

Selon la plus haute juridiction administrative, ces parents sont de simples "usagers" du service public représenté par l'école. Ils ne sont ni "agents" ni "collaborateur" du service public qui sont seuls concernés par "les exigences de neutralité religieuse". Les mères voilées n'y sont donc légalement pas soumises.

Pour rappel, dans le cas de l'école, aucun professeur ou personnel du monde enseignant au sens large comme les surveillants ou les personnels de cantine ne peuvent arborer dans les établissements publics scolaires des signes religieux visibles.

"Je pense que toute la nécessité est de trouver un équilibre entre le respect des convictions des uns et le respect des valeurs de la République des autres", analyse de son côté Catherine Vautrin qui était membre du gouvernement lors du vote de la loi sur l'interdiction des signes religieux ostentatoires à l'école en 2004.

"La position personnelle" de Bruno Retailleau

En l'état actuel du paysage politique et dans une Assemblée nationale très divisée, toute évolution sur la question semble cependant impossible. Sophie Primas, la porte-parole du gouvernement, qui a longtemps siégé au Sénat avec Bruno Retailleau, a déjà expliqué à l'issue du Conseil des ministres mercredi que le gouvernement de François Bayrou ne reprendra pas cette proposition.

Le ministre de l'Intérieur lui-même avait reconnu qu'il s'agissait de "sa position personnelle" et que "ce sujet, n'ayant probablement pas de majorité au Parlement, n'était pas un sujet qui serait abordé" à l'Assemblée nationale.

Marie-Pierre Bourgeois