Droit du sol: Borne en désaccord avec Darmanin et son idée de modifier la Constitution

Élisabeth Borne et Gérald Darmanin le 17 juillet 2023 à Matignon - Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP
La ministre de l'Éducation nationale et numéro deux du gouvernement Élisabeth Borne s'est dit ce vendredi 7 février défavorable à l'idée du ministre de la Justice Gérald Darmanin de modifier la Constitution pour réformer l'accès au droit du sol en France.
L'Assemblée nationale a adopté jeudi soir une proposition de loi portée par la droite visant à durcir les restrictions au droit du sol à Mayotte, lors d'une séance particulièrement houleuse.
Gérald Darmanin s'est prononcé pour l'abrogation pure et simple du droit du sol à Mayotte. Il a par ailleurs estimé "que le débat public doit s'ouvrir sur le droit du sol dans notre pays", et qu'il faut sur le sujet une réforme de la Constitution, que ce soit via un référendum ou à l'occasion de la présidentielle de 2027.
Borne souhaite en rester à la loi immigration
"Je n'y suis pas favorable", a répondu Élisabeth Borne. "Je pense que ce que les Français attendent de nous, ce sont des actes et pas de renvoyer à une future modification constitutionnelle", a estimé l'ancienne Première ministre.
"Je me réjouis que Bruno Retailleau (le ministre de l'Intérieur, ndlr) s'attaque au démantèlement des réseaux de passeurs. Et on a des tas de dispositions, notamment des décrets qui restent à prendre sur la loi immigration qui avait été adoptée fin 2023", a-t-elle poursuivi.
Élisabeth Borne a toutefois soutenu la proposition de loi tout juste adoptée concernant Mayotte. "Je pense qu'on a besoin de mesures fortes pour limiter l'immigration illégale à Mayotte" et "ça peut être aussi une des mesures de restreindre les conditions d'accès au droit du sol", a-t-elle dit.
Saluant aussi cette proposition de loi sur LCI jeudi soir, Bruno Retailleau a lui jugé que Mayotte, comme la Guyane, sont un "exemple incroyable sur un petit territoire d'une société totalement déséquilibrée par les flux migratoires". "Aucune société, quelle que soit la culture, ne peut supporter une proportion où il y a, comme le disait le Premier ministre, une submersion", a-t-il dit.
Par ailleurs, après de nouvelles déclarations de Bruno Retailleau contre le port du voile des accompagnatrices lors des des sorties scolaires, Élisabeth Borne a souligné qu'il s'agissait d'une position personnelle du ministre de l'Intérieur mais pas celle du gouvernement.
"Je pense qu'il est au courant que la position du gouvernement, ce n'est pas la sienne", a-t-elle dit. "On ne changera pas la loi sur ce point".