"Dire ce que j'avais sur le cœur": l'étudiante qui a interpellé Borne sur le "mépris social" raconte la scène

"Ce que vous avez fait, Madame la Première ministre, c’est du mépris social". Lors des "Rencontres jeunesse de Matignon" ce mercredi, Nina Fleury-Panel, 21 ans, a interpellé Élisabeth Borne au sujet notamment de l'abstention des jeunes et de leur participation démocratique.
"On m'a demandé de venir à Matignon pour une carte blanche", explique sur BFMTV la gagnate du prix international de l'association Eloquencia. "Je l'ai saisie pour dire ce que j'avais sur le coeur".
Elle décide alors d'évoquer "ce mépris social que j'avais entendu deux heures plus tôt dans la conversation".
"Prendre la jeunesse de haut"
"Ce que j'ai reproché à la Première ministre c'est de se défaire de la responsabilité qu'elle a dans l'abstention en mettant la faute sur les Français qui ne comprendraient pas les programmes, sans penser que c'est la faute des politiques", explique-t-elle sur notre antenne.
En effet, dans sa prise de parole, la jeune femme déplore le fait que l'abstention des jeunes aux dernières élections a été justifiée par le gouvernement par un manque de compréhension des "enjeux républicains" et de "la grandeur de la démocratie".
"Aujourd'hui, la jeunesse a des outils pour comprendre la politique, si elle fait le choix de ne pas aller voter c'est un choix, pas un manque d'informations. Dire cela c'est prendre la jeunesse de haut, la mépriser et ne pas comprendre que nous sommes intelligents et que nous comprenons le monde", détaille-t-elle.
"Laissez-nous la place"
Nina Fleury-Panel dit ne pas être "une adepte de l'abstention" mais comprendre les gens qui ne se déplacent pas aux urnes. "Les jeunes s'abstiennent parce qu'on ne parle pas d'eux et parce qu'il n'y a pas de politiques qui leur ressemblent", justifie-t-elle, rappelant qu'il n'y a que 20 députés de moins de 30 ans à l'Assemblée nationale.
"J'ai 21 ans, vous en avez le triple (...) Je vous demande l'honneur d'être écoutée. Laissez-nous la place", a-t-elle lancé mercredi soir à Élisabeth Borne. Ce à quoi la Première ministre a répondu: "Vous aurez compris que l’expression est libre. On vous écoute, ou du moins on essaie de le faire. On a besoin d’une jeunesse qui s’engage pleinement dans la vie démocratique."
"Je crois que le gouvernement a assez d'experts dans ses rangs pour orienter ses politiques sur l'importance du vote et pour aider les mal inscrits", conclut Nina Fleury-Panel, ajoutant avoir eu "beaucoup de bienveillance de la part du gouvernement" après son intervention.