Corse: sécurité renforcée "dans les tout prochains jours" à Ajaccio, annonce Cazeneuve

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a défendu mercredi "l'unité de la République" et la "riche singularité" de la Corse, lors d'une visite à Ajaccio après les manifestations racistes de la semaine dernière.
"L'Etat doit incarner et faire respecter l'unité de la République, tout en prenant en compte la riche singularité de votre île", a-t-il déclaré lors d'un discours à la préfecture de Corse, regrettant que "l'image de la Corse ait pu être ternie" par les récents incidents et souhaitant que l'île reste "une terre de fraternité et de respect". "Les auteurs devront rendre des comptes", a ajouté le ministre devant la presse aux alentours de 13 heures.
La sécurité sera renforcée "dans les tout prochains jours" à Ajaccio dans le quartier des Jardins de l'Empereur, théâtre de violences suivies de débordements racistes la semaine dernière, a-t-il annoncé.
"Des habitants du quartier des Jardins de l'Empereur (...) ont exprimé une demande accrue de sécurité. Cette demande est entendue par l'Etat qui renforcera encore, dans les jours à venir, un plan d'action spécifique au quartier", a déclaré le ministre à l'occasion d'une visite en Corse, ajoutant que le plan prévoit notamment une augmentation de la présence policière.
"Tous les moyens" déployés
Un peu plus tôt, lors d'un passage dans le quartier des Jardins de l'Empereur en milieu de matinée, Bernard Cazeneuve avait condamné "avec la plus grande fermeté" les violences survenues ces derniers jours dans ce quartier populaire.
"Je tiens à exprimer ma solidarité aux forces de sécurité", a dit Bernard Cazeneuve devant les caméras, accompagné de plusieurs responsables politiques et administratifs de l'île, notamment le préfet de Corse Christophe Mirmand, le procureur d'Ajaccio Eric Bouillard et le maire de la ville Laurent Marchangeli (LR), après s'être rendu à la caserne des pompiers agressés le soir de Noël. "Je tiens à exprimer ma réprobation la plus ferme à l’égard de ceux qui ont commis des actes antimusulmans, racistes et xénophobes qui n’ont pas leur place dans cette île et qui ne correspondent pas à la culture de ce qu’est la Corse", a poursuivi le ministre. "Je souhaite aussi, et nous mobilisons tous les moyens pour ce faire, que les auteurs de ces actes soient identifiés et interpellés."
"Pas de place pour le racisme"
"Il n'y a en Corse de place ni pour la violence, ni pour le racisme. Et je suis convaincu que c'est là la volonté de l'ensemble de ceux qui vivent en Corse", a-t-il encore déclaré en arpentant un terrain de sport du quartier.
"C'est la volonté des élus de Corse qui dans la multiplicité de leurs sensibilités ce sont exprimés de façon extrêmement claire, extrêmement nette et de façon absolument responsable pour condamner ces actes ce dont je veux les remercier ici à Ajaccio", a-t-il ajouté.
La venue de Bernard Cazeneuve intervient six jours après les violences qui ont éclaté le 24 décembre dans ce quartier d'Ajaccio. Deux pompiers et un policier ont été agressés lors d'une embuscade durant la nuit de Noël, provoquant dans les jours suivants des manifestations racistes et le saccage d'une salle de prière musulmane.
Bernard Cazeneuve devait également s'entretenir avec les habitants des Jardins de l'Empereur et visiter la salle de prière vandalisée, selon un communiqué du ministère diffusé mardi. Le ministre devait ensuite rencontrer les représentants du conseil régional du culte musulman en fin de matinée.
Deux suspects déférés et mis en examen
Depuis les premières violences l'après-midi du 24 (une école saccagée, des incendies de palette...) et le "guet-apens" tendu aux pompiers la nuit de Noël, le quartier populaire des Jardins de l'Empereur a été le théâtre de plusieurs manifestations, au cours desquelles ont été proférés des slogans racistes tels que "Arabi fora" (les Arabes dehors).
Mardi, deux hommes soupçonnés d'être impliqués dans des violences du soir de Noël ont été entendus par un juge, mais ils ne sont pas à ce stade directement reliés à l'agression de pompiers. Ils ont été déférés et mis en examen mardi dans la soirée, l'un placé en détention, l'autre sous contrôle judiciaire car "moins impliqué", selon le parquet.